«En imposant, ce 2 avril 2019, le départ de Bouteflika, incarnation d'un régime libéral oligarchique, autoritaire, quasi monarchique et soumis aux intérêts des puissances étrangères impérialistes, les travailleurs, les jeunes, les femmes et l'ensemble des masses populaires viennent d'arracher, après plus de 40 jours de grèves et de manifestations massives sans précédent, une précieuse et historique première victoire», lit-on dans le communiqué du Parti socialiste des travailleurs (PST), rendu public hier. Pour le parti de Mahmoud Rechidi – qui vient de perdre l'un de ses piliers, en l'occurrence le syndicaliste et président du CLA Idir Achour, décédé avant-hier chez lui à Béjaïa – c'est plutôt «la grève générale entamée le 10 mars par les travailleurs de tous les secteurs qui a amplifié la crise du régime et accéléré la fissuration du pouvoir». Quant aux dernières sorties du chef d'état-major, Gaïd Salah, le PST assure qu'il doute de ses intentions et l'accuse d'avoir «fomenté son plan dans le but d'essouffler le mouvement populaire pacifique ou Hirak, comme certains l'appellent». «Dans ce contexte de crise menaçant tout le système, le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, encouragé par les appels de l'opposition libérale, s'est investi dans son nouveau rôle d'arbitre sauveur du système. Celui qu'il appelait ‘fakhamatouhou' il y a encore quelques jours, s'est transformé en danger pour tout le régime. Afin de sauver le système, il fallait faire partir Bouteflika au plus vite d'une part et, d'autre part, s'attaquer à quelques oligarques du cercle présidentiel, symboles de la corruption et de la prédation, dans le but de calmer la révolte populaire et stopper le Hirak», lit-on dans le même communiqué. Et d'ajouter : «Afin d'assurer la continuité du système dans le cadre d'une transition contrôlée, l'armée a imposé d'emblée une solution légaliste dans la cadre de la Constitution. Ainsi, toute autre alternative politique est évacuée. Enfin, un forcing médiatico-propagandiste est mis en branle pour préfabriquer un soutien populaire à l'action du chef d'état-major et de l'armée qui, dans son dernier communiqué menaçant du 2 avril, déclare ne plus reconnaître la Présidence et insinue de fait la mise en œuvre d'un ‘coup d'Etat blanc'.» Pour le PST, seule l'élection d'une Assemblée constituante souveraine, «représentative des aspirations démocratiques et sociales des travailleurs, des jeunes, des femmes et de tous les opprimés de notre pays, peut constituer une véritable solution démocratique à la crise actuelle». «L'heure est à l'auto-organisation des masses populaires algériennes dans les usines, les universités et les lycées, les quartiers et les villages, par les femmes et des chômeurs, etc., d'une part et, d'autre part, la priorité est à la reconquête de nos libertés démocratiques, notamment les libertés d'expression, d'organisation, de manifestation ainsi que nos libertés syndicales et notre droit de grève», explique-t-on dans le même communiqué.