Après avoir tourné la page du Président sortant, les Sétifiens investissent la rue pour le 7e vendredi consécutif. Une foule nombreuse revient à la charge pour exiger le départ de tous les symboles d'un pouvoir «pourri». Pour de nombreux protestataires, la transition démocratique, prélude à la naissance de l'Algérie nouvelle, se fera sans les apparatchiks mouillés jusqu'au cou. «Tant qu'on n'a pas dégommé les résidus d'un régime qui a porté préjudice à l'honneur du pays, on continuera le combat», tonnent des manifestants, criant haut et fort leur volonté d'aller vers une IIe République. Pour bon nombre de contestataires, la démission de Bouteflika ne signifie aucunement la fin d'un régime basé sur la rapine, la prédation et la cooptation. Confier la gestion de la période transitoire aux «3B» (Bensalah, Belaïz et Bedoui), c'est faire injure, disent-ils, à la volonté du peuple prônant, depuis le 22 février, la rupture avec la fraude, l'usurpation et le clientélisme. Pas dupes, les manifestants ne veulent pas d'une transition contrôlée par une partie du système, trouvant la parade en «scellant» le sort de certains oligarques. «La démission de Bouteflika n'est pas la résultante d'un coup d'Etat. Elle est la suite logique de la pression de la rue exigeant un conseil présidentiel indépendant et un gouvernement transitoire, lequel devrait mettre le socle d'une Algérie laïque et démocratique. Le peuple, qui s'est réapproprié son destin, refuse les compromis et les alliances contre nature. Le tapage médiatique s'articulant autour d'une opération ‘‘mains propres'' ne disant pas son nom est un leurre, tant qu'on n'a pas mis la main sur tous les vautours qui doivent rendre des comptes», fulminent des Sétifiens.