La Confédération des syndicats algériens (CSA) est née. Ses membres fondateurs sont quatre syndicats autonomes représentant les secteurs de la santé et de l'éducation nationale. Il s'agit des organisations syndicales agréées de longue date, en l'occurrence le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP). Réunis lundi dernier à Alger, les porte-parole des quatre syndicats, qui ont été mandatés par leurs bases respectives, ont fait un tour d'horizon de la situation qui prévaut en Algérie sur le plan des libertés syndicales. Situation que d'aucuns qualifient d'alarmante. Les quatre syndicats ont décrié l'attitude des pouvoirs publics qui transgressent les lois de la République quotidiennement. Le recours à la création d'une confédération est motivé beaucoup plus par le mépris de l'autorité publique à l'égard des fonctionnaires, plus particulièrement ceux structurés dans des syndicats. Dans le communiqué constructif ponctuant la réunion des quatre syndicats, il est fait part des motivations les ayant poussé à s'organiser en un seul front. Selon eux, une confédération s'impose face à une conjoncture marquée par des atteintes flagrantes au libre exercice du droit syndical et au droit de grève. Conjoncture caractérisée aussi par une chute vertigineuse du pouvoir d'achat et par la marginalisation des syndicats autonomes dans le processus de révision du code de travail. « Afin de faire aboutir toutes nos revendications, nous avons décidé de nous souder et d'unir nos efforts pour la constitution d'un espace qui nous permet de revendiquer nos droits », ont soutenu les syndicalistes. Lors du débat qui a duré jusque tard dans la soirée de lundi, les représentants des enseignants et des praticiens ont condamné de prime abord les atteintes aux libertés syndicales et dénoncé, en outre, les mesures arbitraires prises par le gouvernement à l'encontre des praticiens de santé publique et des travailleurs de l'éducation, telles que les ponctions sur salaire et les menaces de licenciement. Les syndicats revendiquent la révision des statuts particuliers des praticiens spécialistes et des généralistes de santé publique ainsi que la compensation des anomalies constatées dans le statut particulier des corps de l'éducation nationale. « Nous allons activer pour la consécration du principe de la solidarité syndicale, d'une part, et l'utilisation de tous les moyens légaux pour la satisfaction des revendications, d'autre part », ont révélé les syndicats. Le docteur Merabet, leader du SNPSP, estime que la CSA sera inévitablement élargie à d'autres formations syndicales ayant une assise et pesant de leur poids sur le terrain. « On ne veut pas être prétentieux. Mais nous avons aujourd'hui tiré profit des expériences faites par le passé. Nous allons faire dans la précaution et la quiétude. La Confédération est ouverte à d'autres syndicats, mais à ceux qui remplissent certaines conditions... », a lâché notre interlocuteur. Le docteur Yousfi premier responsable du SNPSSP abonde dans le même sens : « Pour l'heure chaque syndicat garde son autonomie interne et peut faire des actions sur le terrain. S'agissant de la confédération, les syndicats, chacun de son côté apportera des propositions concernant les statuts et le règlement intérieur. » Une chose est sûre : une fois le cadre juridique ficelé, les conseils nationaux des quatre syndicats valideront le document et mettront sur les rails la Confédération en déposant, en dernière étape, leur dossier d'agrément. Du côté des syndicats de l'éducation, M. Nouar, représentant le Cnapest, et M. Dziri pour l'Unpef feront remarquer que pour prémunir cette organisation des coups bas de l'administration ou d'autres clans à la solde du pouvoir, il faut être vigilants et étudier soigneusement chaque étape de sa structuration. « Nous sommes pour son élargissement aux autres formations syndicales de la Fonction publique et du secteur économique qui jouissent d'une transparence et de crédibilité sur le terrain », ont-ils précisé. Notons que les syndicats de la santé tiendront une réunion aujourd'hui pour évaluer le rassemblement de samedi dernier et préparer le prochain, prévu pour le 1er mai.