Le dixième vendredi consécutif aura été marqué par la présence de plus en plus importante d'adolescentes et d'adolescents lors des manifestations, tenant dans leurs bras l'emblème national. « One, two, three, viva l'Algérie », « klitou lebled ya essarakines », et tant de slogans répétés par la foule. « Nous voulons un avenir meilleur, nous déclare l'une des collégiennes, nous travaillons bien en classe et nous souhaitons vivre dans un pays plein de bonnes choses » ajoute notre interlocutrice. Son amie âgée de 16 ans est intervenue, en nous déclarant, « nous sommes ici par solidarité avec les autres manifestants », nous indique-t-elle. Toutes souriantes, enveloppées dans les couleurs nationales, elles hissent leurs pancartes avec un visage jovial et innocent. Un émigré venu de Toulouse, accompagné par son enfant qui tenait l'emblème national, affichait son bonheur, « je m'appelle Karim, ce n'est pas comme en France nous dit-il, c'est une manifestation conviviale, notre pays et cette jeunesse méritent des dirigeants à la hauteur des aspirations du peuple, c'est la 1ère fois que je manifeste, je suis ici depuis trois jours seulement », nous indique-t-il. Un adulte passe à côté de son fils, lui tendait une petite bouteille d'eau minérale, « tenez ça pour vous désaltérer », lui dit-il. « Quelle ambiance chaleureuse dans cette manifestation déclare l'émigré, c'est la solidarité de mes compatriotes qui m'a marqué », déclare Karim. Des policiers détournent les véhicules et les bus pour ne pas entraver la progression de la procession. Des jeunes tenaient un gigantesque emblème national. Ils devançaient sous un soleil de plomb la marée humaine. Nombreux citoyens des différentes localités de la wilaya avaient préféré rejoindre la capitale afin de « vendredire » pour la 10ème fois. Certains manifestants se projettent déjà dans l'organisation des manifestations durant le mois de Ramadhan. Ils persistent et refusent d'abdiquer, si leurs légitimes revendications ne soient pas satisfaites. « Dégagez, signifie rouhou gâa ». Les symboles du système ne sont plus acceptés par les manifestants. Depuis le début des manifestations populaires, le Chef de l'Exécutif de la wilaya de Tipasa, entouré par ses proches des services de sécurité, de l'administration et de certains « élus » du peuple, prennent leurs déjeuners au siège de la wilaya, tout en observant discrètement le passage des citoyens de Tipasa passifs et civilisés.