Les demandes de passeports biométriques donnent lieu à de véritables péripéties bureaucratiques. « J'ai mis plus de trois heures pour arriver, enfin, à commander un extrait de naissance de type EC 12 S », avoue Rachid, un usager qui nous raconte sa mésaventure, au service de l'état civil d'Aïn El Hammam. « Je commence par prendre ma place dans la chaîne qui ne finit pas de serpenter, en face des guichets. Lorsque mon tour arrive, au bout de deux heures et demie, on m'informe que l'extrait de naissance pour le passeport biométrique, est délivré par un autre agent, au guichet réservé à cet effet. Je m'y rends, et au bout d'une demi-heure, on me remet un imprimé que je dois remplir et légaliser dans un autre service qui se trouve, un étage plus bas. Il a fallu encore, patienter une autre demi-heure avant de revenir à mon point de départ. Mais je n'étais pas au bout de mes peines. Une fois le document rempli, en bonne et due forme, je l'ai remis au préposé qui, laconiquement, me demande de revenir... dans trois semaines ». On apprend que les nombreux demandeurs du fameux extrait de naissance « spécial » doivent en effet, attendre plus de vingt jours, avant d'entrer en possession du document. Le responsable de l'état civil que nous avons joint n'a pas souhaité s'exprimer, pris, dit-il, par le travail. Il est vrai qu'avec la foule qui attend de l'autre côté des guichets, les agents n'ont pas le temps de souffler. Pour préserver les employés du courroux de la population, on n'a pas trouvé mieux que de les enfermer derrière le comptoir, surmonté de panneaux opaques. Comme moyen de contact, il ne subsiste plus que deux petits judas, en remplacement de plus de dix guichets. Pour les atteindre, les plus forts jouent des coudes alors que les vieux, les handicapés ou les femmes ne peuvent que s'en remettre à la générosité d'un proche pour se faire délivrer ne serait-ce qu'un simple extrait de naissance. D'après nos informations, recueillies sur place, les services chargés de délivrer la toute nouvelle pièce d'état civil, ne peuvent, dans l'état actuel des choses, satisfaire qu'une vingtaine de demandes par jour. Il semblerait que les opérateurs ne se soient pas encore familiarisés avec le travail qui demanderait de la recherche.