«Tous ceux qui faisaient partie du système lors de l'assassinat des victimes du Printemps noir doivent être traduits devant les juridictions compétentes.» Pour que nul n'oublie les jeunes tués lors des événements de Kabylie en 2001, les habitants de plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou ont rendu hommage, hier, à ces martyrs du Printemps noir, fauchés à la fleur de l'âge par les balles assassines de la Gendarmerie nationale. Le 27 avril 2001 était la journée la plus sanglante de cette tragédie, 128 personnes ont été tuées. Hier, justement, à Azzazga, où le mot «liberté» a été écrit sur le mur avec le sang du jeune Kamel Irchen, avant de rendre l'âme après avoir été blessé par balle, une marche a été organisée. Il est à rappeler aussi que dans la même ville, Ahcene Agadir, Mourad Djebbar, Kamel Malek, Sadek Youcef, Sofiane Mouter et Tahar Amrar ont également été tués lors la répression sanglante de 2001. Les participants à cette manifestation ont crié, d'ailleurs, haut et fort : «Ulach Smah Ulach !», histoire de remettre sur orbite la question du jugement des auteurs et commanditaires de cette répression sanglante. Les membres des familles des victimes, des élus, dont le député Yassine Aissaouene, ainsi que le président de la JSK, Cherif Mellal ont pris part à cette marche. Des gerbes de fleurs ont été déposées devant la stèle (place de la Liberté) érigée à l'effigie des victimes des événements. Les membres du collectif qui a organisé cet hommage ont, lors des prises de parole, affirmé leur soutien au mouvement populaire enclenché le 22 février dernier, et ce, pour revendiquer, entre autres, ont-ils déclaré, que la justice soit faite sur les assassinats des événements de Kabylie. Au village Aït Aïssi, dans la commune de Yakourene, un recueillement a été aussi organisé devant la tombe de Kamel Irchen. Dans la région de Maâtkas, les citoyens ont également préparé des festivités commémoratives de l'assassinat de Amar Guendoud, Rachid Ouahab, Saïd Ladlani et Karim Amini, ravis aux leurs un certain 27 avril 2001. Les habitants de la daïra de Aïn El Hammam se souviennent aussi de Nadia Aït Abba, née Aït Ouslimane, et Omar Aït Amara, qui ont été assassinés le 28 avril 2001, ainsi que Mohand Oulhocine Lamara qui a été tué devant la brigade de gendarmerie d'Abi Youcef, une année plus tard. La blessure laissée par les événements de 2001, en Kabylie, demeure toujours béante, notamment chez les parents des victimes qui continuent de réclamer que justice soit faite contre les auteurs et le commanditaires de l'assassinat de ces jeunes. Même en France, un rassemblement a eu lieu, la semaine dernière, à Paris. Des membres des familles des martyrs du Printemps noir ont fustigé le pouvoir qui, selon elles, doit assumer ses responsabilités. «Les gens du système et tous ceux qui faisaient partie du pouvoir lors de l'assassinat de ces jeunes doivent être traduits devant les juridictions compétentes. Nous allons déposer plainte contre Bouteflika et son équipe», a déclaré le Dr Tounsi, frère de Djamel Tounsi (Djinou) tué par des gendarmes à Tigzirt. Il faut rappeler, par ailleurs, que la mort de Guermah Massinissa, dit Moumouh, à l'intérieur de la brigade de la gendarmerie de Beni Douala, fut l'étincelle d'une révolte qui a embrasé, des mois durant, la Kabylie.