Les quelque 240 rassemblements et défilés, organisés à l'occasion de la célébration de la Fête du travail en France, ont été marqués par de nombreuses scènes de violence et d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, particulièrement à Paris. La ville des Lumières a été, en effet, baptisée «capitale de l'émeute», le temps d'une longue journée du 1er mai sous haute tension, par les militants de l'aile la plus radicale des «gilets jaunes». Ceux-là ont été désignés comme des «ultra-jaunes» par Christophe Castaner, ministre français de l'Intérieur. Anticipant également la présence de «1000 à 2000 activistes radicaux», qui seraient membres des Black blocs, français et européens, il avait ordonné la mise en place d'un important dispositif de sécurité. Alors que plus de 7400 policiers et gendarmes ont quadrillé l'ensemble des quartiers et secteurs sensibles dans la région parisienne, interdisant tout rassemblement en dehors des périmètres autorisés par la préfecture, les premiers heurts ont éclaté au niveau du boulevard Montparnasse vers 13h, lieu de départ de la marche à laquelle ont appelé les grandes organisations syndicales françaises, dont la Confédération générale du travail (CGT) et le mouvement des «gilets jaunes». Aussitôt, la CGT, qui a initié cette action unitaire, s'est fendue d'un communiqué dénonçant «fermement les violences» incombées, selon des témoins, à des «casseurs». Or, dans le même document, le principal syndicat en France a regretté la réaction des agents antiémeute, considérée disproportionnée. «Une répression inouïe et sans discernement a lieu suite aux actes de violence de certains (…). Ce scénario en cours, scandaleux et jamais vu, est inadmissible dans notre démocratie», lit-on dans le texte écrit dans l'urgence. En effet, même Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, n'a pas échappé à la violence, pris entre les charges des forces de l'ordre et les projectiles des émeutiers. Il a été contraint de quitter la tête du cortège intersyndical. Par la voix de la préfecture de police de Paris, les autorités françaises ont néanmoins démenti avoir commis des dépassements, évoquant une «action rapide et efficace des forces de l'ordre» qui aurait permis de «mettre fin aux exactions commises». La police a affirmé, par ailleurs, que «la CGT n'a jamais été la cible des policiers et gendarmes qui ont assuré leur mission avec détermination face à des casseurs violents». Comme à son début, la fin du cortège, prévue place d'Italie, a été entachée par des scènes de guérilla urbaine, menée notamment par des groupes de Black blocs anticapitalistes, identifiables par leurs tenues, banderoles et slogans. Dans un contexte politique tendu, sur fond de crise sociale qui dure depuis six mois avec le mouvement des «gilets jaunes», certains observateurs et militants politiques de l'opposition craignent des débordements plus importants lors des prochaines manifestations, mais surtout une dérive autoritaire du gouvernement. Hier encore, les éléments du dispositif de sécurité dans la capitale française ont procédé à près de 250 arrestations préventives, après avoir effectué plus de 12 000 contrôles, fouilles et palpations sur des manifestants.