Une forte explosion due à une fuite de gaz s'est produite samedi en début de matinée dans une boulangerie du 9e arrondissement de Paris, blessant vingt personnes, a-t-on indiqué de source proche de la police. Le commerce a été soufflé dans l'explosion. Le rez-de-chaussée et le premier étage du bâtiment de la rue de Trévise étaient en flammes, selon des photos fournies par cette source. On compte deux blessés en urgence absolue, sept blessés graves et onze blessés légers. Deux pompiers étaient aussi en urgence absolue et un autre est porté manquant. Selon cette source, la brigade des sapeurs-pompiers de Paris avait de la difficulté à contenir l'incendie. Un emplacement a été prévu pour qu'un hélicoptère puisse se poser et aller chercher les blessés. Selon le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui s'est rendu sur place, plus de 200 pompiers sont mobilisés sur l'opération. "La situation à l'heure qu'il est, est maîtrisée, nous accompagnons les blessés, les victimes. Et l'ensemble de nos services de soins sont mobilisés aussi", a-t-il dit sur BFM TV. Sur Twitter, le ministre a écrit que "le bilan s'annonce lourd". Pour le moment la thèse de l'accident est privilégiée. Le procureur de la République de Paris s'est rendu sur place. Le parquet de Paris a confié une enquête à la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ). David Bangura, un réalisateur de 38 ans qui se trouvait dans un hôtel non loin de l'explosion, dit avoir "entendu un gros bruit" et vu de "grosses flammes". "Les vitres avaient explosé en hauteur et en bas" tout comme les "devantures de magasins", dit-il à Reuters. "Du feu sortait d'un restaurant, une voiture était retournée". "Il y a une dame à la fenêtre au premier étage qui disait : 'Aidez-nous, aidez nous, on a un enfant'", a-t-il ajouté. Les pompiers se sont précipités pour les secourir, a-t-il précisé. "Puis les policiers nous ont dit de partir". 80 000 policiers et gendarmes déployés Un important dispositif de sécurité va être déployé ce jour avec 80.000 policiers et gendarmes répartis sur l'ensemble du territoire, pour le neuvième samedi de mobilisation des "gilets jaunes" en France, a rapporté vendredi la presse locale. Ce dispositif est sensiblement le même que celui du 8 décembre dernier, ou 89.000 membres des forces de l'ordre avaient été mobilisés alors que les violences urbaines avaient atteint un seuil inédit. Plusieurs référents des "gilets jaunes" envisagent de se réunir à Bourges en raison de sa situation géographique centrale, à 250km de Paris, car c'est "une ville un peu moins connue des forces de l'ordre pour éviter qu'il y ait du 'nassage' (encerclement) de fait, que la tension monte", a indiqué l'un de ces référents au site Konbini. Sur Facebook, 13.000 se sont dit "intéressés" pour se rendre à Bourges et 2.700 personnes ont confirmé leur venue, obligeant la ville à prendre des dispositions de sécurité particulières. Les horodateurs vont été retirés de l'hyper-centre de la ville et de nombreux lieux publics, dont la mairie et plusieurs jardins, seront fermés, alors que les illuminations de Noel ont été retirées de certains points de la ville, comme l'a indiqué le quotidien local Le Berry Républicain. La préfecture du Cher a indiqué que "ce rassemblement constitue un attroupement dangereux, présente des risques pour la sécurité des participants et organisateurs." De nombreux commerçants s'inquiètent de la manifestation qui devrait débuter vers 10h du matin avec une marche à travers la ville en début d'après-midi. "C'est l'inconnue quant au nombre de manifestants et sur la manière dont ça va se passer. Est-ce que ce sera pacifique ou est-ce qu'il y aura des débordements?", s'est interrogé le maire de Bourges, Pascal Blanc. Selon plusieurs médias, des "gilets jaunes" pourraient également se réunir à Paris et à Toulouse. Le 5 janvier dernier, près de 50.000 personnes s'étaient rassemblées dans toute la France, plusieurs heurts éclatant entre certains manifestants et forces de l'ordre.
Avertissement de Castaner Le ministre de l'Intérieur a averti vendredi les "Gilets jaunes" qu'ils seraient désormais considérés comme complices des violences partout où leurs manifestations dégénèreront, à la veille d'un nouveau samedi de mobilisation à haut risque. Les autorités anticipent un regain de mobilisation et craignent une radicalisation "plus affirmée" à Paris et en province lors de ce neuvième samedi de manifestations depuis le début du mouvement le 17 novembre. Interrogé par le site internet BRUT, Christophe Castaner dit avoir fait jusqu'ici systématiquement la différence "entre ceux qui portent une revendication sociale" et les casseurs. "Je ne fais pas l'amalgame. Mais je ne dis pas non plus que ce ne sont que les ultras qui cassent", ajoute-t-il. "Il y a des femmes, des hommes, emportés dans le mouvement des Gilets jaunes, qui viennent pour la confrontation, pour la casse." Il a dit avoir des informations montrant qu'il y aurait de nouveau, selon toute vraisemblance, des débordements violents samedi : "Je sais que beaucoup, aujourd'hui, s'arment pour venir dans les manifestations avec la volonté de casser." "Ceux qui appellent aux manifestations demain savent qu'il y aura de la violence", souligne-t-il. "Et donc ils ont leur part de responsabilité. Demain, ceux qui viennent manifester dans des villes où il y a de la casse qui est annoncée savent qu'ils seront complices de ces manifestations-là." Christophe Castaner avertit aussi les manifestants que le dispositif de maintien de l'ordre déployé samedi sera "déterminé et puissant". "Nous avons fait le choix (...), à la demande du président, d'avoir demain à la fois une grande mobilisation de nos forces mais aussi des méthodes différentes de présence, de mobilité", a-t-il déclaré un peu plus tard, lors d'une rencontre avec des CRS en région parisienne. "Nous souhaitons demain qu'il y ait un effet de sidération par votre capacité à être présents, à intervenir (...) et à faire en sorte que ceux qui viendront vous provoquer soient immédiatement interpellés", a-t-il ajouté à l'adresse de ses interlocuteurs. "Ceux qui pensent que à quelques milliers de personnes on peut mettre en cause nos institutions se trompent."
Trop de Français n'ont pas le sens de l'effort Trop de Français n'ont pas le sens de l'effort, ce qui explique en partie les "troubles" que connaît le pays, a déploré vendredi Emmanuel Macron, sans évoquer directement la crise des "Gilets jaunes". A la veille d'une nouvelle journée de manifestations, le chef de l'Etat a fait l'éloge du travail en recevant des boulangers à l'Elysée, en soulignant les réformes menées dans ce domaine depuis le début de son quinquennat, notamment sur l'apprentissage, et celle à venir de l'assurance chômage. "Notre jeunesse a besoin qu'on lui enseigne un métier, des gestes, des savoirs, le sens de l'effort et le sens de cet engagement qui fait qu'on n'a rien dans la vie s'il n'y a pas cet effort", a-t-il déclaré. "Les troubles que notre société traverse sont aussi parfois dus, liés au fait que beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu'on peut obtenir sans que cet effort soit apporté, que parfois on a trop souvent oublié qu'à côté des droits de chacun dans la République (...) il y a des devoirs." S'il n'y a pas ce sens de l'effort, "notre pays ne pourra jamais pleinement recouvrer sa force, sa cohésion", a-t-il poursuivi.