Depuis les années 1980, jamais distribution de logements n'a provoqué une telle pression. La cité 120 Logements, dont les appartements n'ont pas encore été distribués, fait une fois de plus parler d'elle. En effet, après le sit-in tenu depuis plus d'un mois sur la place publique (voir El Watan du 30 mars 2010) par les onze familles de Douar El Yehoudi, cette ancienne porcherie qui n'arrive plus à cacher la misère de ses locataires et la colère des 118 familles de la cité du Stade (El Watan du 13 avril 2010), c'est au tour d'autres habitants de Chebli, silencieux jusque-là depuis une décennie et respectueux de l'ordre, qui après avoir épuisé tous les recours « légaux » introduits après chaque distribution de logements, de monter au créneau pour protester contre leur marginalisation et dénoncer la lenteur et le mutisme de l'administration. Les habitants de la cité des Frères Chebil, Kerrouche Aïssa et de la route principale, Cheblaouis, depuis des générations et laissés-pour-compte depuis l'indépendance, crient leur désarroi. Après s'être adressés au P/APC de Chebli, au chef de daïra de Bouinan et au wali de Blida (correspondances présentées à la rédaction) et devant le silence des autorités locales, les concernés oubliés par la commission chargée d'enquêter au cas par cas sur les demandes de logements (commission dont ils sont pourtant les instigateurs) ne savent plus à quelle porte frapper. Ils accusent les décideurs locaux de laisser la situation s'envenimer sciemment. Abdelhak nous déclare : « J'ai jusqu'ici respecté la loi ; j'ai écrit à tous les responsables. Ils n'ont que faire de ma famille et des gens comme moi. Ils n'aiment pas les gens respectueux de l'ordre, ils ne comprennent que l'anarchie. Ils nous poussent à la révolte. C'est une honte ! » Ahmed B. désespéré ajoute : « J'habite dans une seule pièce où il y a les lits, la télévision, tous mes pauvres meubles, ma femme, moi-même et mes deux filles. L'une d'elles a failli mourir brûlée par la bouteille de gaz. Pourquoi cette vie ? Il m'arrive de penser à faire exploser tout le douar pour délivrer ces miséreux de cette situation insupportable ! ». Depuis les années 1980, jamais distribution de logements n'a provoqué une telle pression. Il y a toujours eu des protestataires pour contester les listes établies par la commission. La cité 120 Logements est l'objet de toutes les ires avant même l'annonce des noms des bénéficiaires. Les rumeurs « proches de sources bien informées » et le silence des autorités locales ne font rien pour atténuer la situation tendue, au bord de l'explosion. Les citoyens en quête de logements demandent à la commission chargée de la distribution (cité 120 Logements et … quota possible dans la ville nouvelle de Bouinan) de mettre fin à leur calvaire équitablement et dans les plus brefs délais.