La comédienne franco-algérienne, Alice Belaidi, s'est vu décerner, dimanche, le Molière - récompense théâtrale française - de la révélation théâtrale pour la pièce Confidence à Allah, adaptée du roman éponyme de Saphia Azzeddine, dimanche à la Maison des arts de Créteil (Paris). Paris De notre bureau La belle histoire d'Alice Belaïdi continue. La jeune actrice, native d'Avignon, capitale estivale du théâtre, a fait sa mue pour devenir une grande. Pur produit de la cité des papes, elle a commencé à l'âge de 13 ans, ne quittant jamais son lieu de formation, le théâtre du Chêne noir, un des lieux de création permanents d'Avignon. La jeune Franco-Algérienne a marqué un nouveau jalon dans son essor vers les étoiles, dimanche soir, en obtenant à Paris le Molière de la révélation théâtrale. Elle avait déjà obtenu, en 2009, le grand Prix de la critique. Nous pressentions dans ces colonnes (lire nos éditions du 26 juillet 2008 et plus près de nous du 19 avril 2010), qu'elle serait récompensée pour sa magistrale interprétation de Jbara, une bergère au sort tragique, sortie de la plume sensitive de la jeune écrivaine marocaine Saphia Azzedine. Pour faire vivre l'incarnation de la jeune paysanne qui a treize ans au début du texte, elle disait s'être inspirée d'une photo conservée dans sa famille d'une fillette algérienne dans une mechta. Confidences à Allah (éditions Léo Scheer) a cartonné deux années de suite au festival d'Avignon à guichets fermés en 2008 et 2009. La déjà sublime comédienne, qui atteint cette année son 22e anniversaire, porte comme une reine des planches le destin de cette bergère, violée dans son douar au bout de la montagne, puis devient femme d'un richissime bourgeois, et prostituée, ce qui l'amènera à la case prison. Enfin, elle finira épouse dans le harem d'un imam. Toutes ses étapes de la vie d'une femme sont interprétées avec un ton juste, les mouvements du corps, la voix, la gestuelle et aussi la mise en scène de Gérard Gelas. Après Avignon, une tournée en France, en Europe et dans le monde a ému des milliers de spectateurs qui ont pleuré à cette histoire funeste qui donne à réfléchir sur la condition féminine au Maghreb. Ses paroles à l'Être suprême à qui elle raconte sa vie douloureuse commencent par : « Mais quand même, pourquoi tu m'as laissée là ? Fais qu'il se passe quelque chose dans ma vie » et s'achève sur cette phrase terrible « Ma vie est mon djihad ». Forte de cette distinction, Alice Belaïdi, comme nous le disions dès 2008, a le talent d'une future star. Elle devrait désormais apparaître dans des rôles à sa mesure, au théâtre bien sûr, et certainement au cinéma. Deviendra-t-elle après Isabelle Adjani, une nouvelle fierté pour l'Algérie ? C'est bien parti pour.