Constat n Le rideau est tombé, hier, mardi, sur la seconde édition du festival national du théâtre professionnel auquel ont participé et les théâtres régionaux et les troupes indépendantes. Cette année, et contrairement à l'édition précédente qui s'est illustrée par des représentations à niveau littéralement faible, la compétition s'est révélée plus ou moins appréciable. Le théâtre d'Alger, dit Théâtre national, s'est montré à la hauteur avec Les filles de Bernarda Alba, un texte de Federico Garcia Lorca et adapté par Ahmed Khoudi. Il y a aussi le Théâtre de Constantine avec Aïssa Tssounami où le metteur en scène, Tayeb Dhimi a, dans une ambiance populaire et conviviale, mis en espace le patrimoine, donc la mémoire collective. La troupe indépendante de Constantine El Beliri, avec Djouha, s'est également distinguée par un jeu soutenu et d'une sensibilité théâtrale distincte. Même constat pour la troupe de Tindouf qui a ouvert la compétition avec En attendant Godot de Azzeddine Abbar d'après le texte de Paul Chaoul. D'autres théâtres comme celui de Sidi Bel Abbes se sont montrés d'une certaine façon à la hauteur d'un théâtre dit professionnel. Par ailleurs, ce festival s'est voulu pluriel. Il a offert au public une diversité des genres, allant du théâtre classique au théâtre populaire. «J'avoue que cette année le produit théâtral algérien est nettement meilleur que celui de l'édition précédente. Ce festival a offert une panoplie très variée que ce soit dans le style ou dans la thématique. Cette diversité renvoie à coup sûr à la pratique théâtrale dont l'Algérie a l'expérience», dira Abdelkrim Berchid, dramaturge marocain et en qualité de membre du jury de l'année dernière. Il est vrai que les représentations étaient, jusqu'à un certain niveau, quantifiables, et cela seulement en les comparant, à l'évidence, à celles de l'année dernière, mais le produit théâtral, en soi, présente, dans l'ensemble, d'énormes insuffisances en raison d'un manque manifeste d'imagination et de créativité. C'est pratiquement le même imaginaire et la même théâtralité qui se répètent d'une scène à l'autre. Il y a, à chaque fois, une redondance du style (jeu et scénographie), de l'esthétique – et même de la dramaturgie. Même les jeunes talents, censés apporter un souffle nouveau, opérer le renouveau, calquent, çà et là, leur approche théâtrale sur le modèle initié par leurs aînés. Force est de constater en outre que le théâtre algérien, qui puise – et chose importante parce qu'il se forge une identité, donc il s'impose comme étant une spécificité théâtrale – sa substance dans le patrimoine et de la culture populaire, revêt malheureusement une tournure folklorique. C'est un théâtre qui s'essouffle, et, malgré l'épuisement, la faiblesse et la lassitude, il continue obstinément à s'accrocher à de vieilles pratiques, réfutant, en conséquence, tout esprit novateur. l Les membres du jury ont attribué le prix du meilleur travail théâtral à la pièce Le fleuve détourné de Hamida Aït El-Hadj. Quant au prix du meilleur texte, il est revenu à Youcef Mila dans La Poudre d'intelligence. Ahmed Khoudi a reçu le prix du meilleur metteur en scène dans Les filles de Bernarda Alba. S'agissant, d'une part, du prix de la meilleure scénographie, il a été décerné à Farid M'rabet dans Le jugement de Djouha, et s'agissant, d'autre part, du prix de la meilleure musique, il a été attribué à Antar Aïssou dans La poudre d'intelligence. Djellab Abdelah a reçu la distinction du meilleur comédien, et Fadela Hachmaoui est consacrée meilleure comédienne. Quant au prix du jury, il est revenu à Les filles de Bernarda Alba d'Ahmed Khoudi.