Haksoon Paik est auteur avec Seong-Chang Cheong d'un livre, North Korea in distress, sur les défis internes et les challenges externes de la Corée du Nord. Il est chercheur au Sejong Institute. Comment sont les relations entre les deux Corées ? Il n'y a plus d'échange depuis deux ans. Le président Lee Myung-bak a tout arrêté. Cela a rendu les relations plus tendues. L'affaire de la corvette Cheonan a aggravé les choses. Il y a des craintes pour qu'aucun problème ne soit résolu dans la péninsule coréenne, dont la question du nucléaire. Séoul perdra sa voix devant la communauté internationale. Il y a beaucoup de soucis. Le président Lee Myung-bak dit souvent qu'il veut reprendre le processus de réconciliation avec la Corée du Nord. Mais, en fait, il ne s'agit là que de paroles. Aucune mesure concrète n'est prise. Le chef de l'Etat ne fait pas ce qu'il dit. Les Nord-Coréens ont la même impression. Pour cette raison, la reprise de la coopération est encore difficile. Lee Myung-bak doit se doter d'une nouvelle vision pour changer son attitude, se libérer de l'influence des conservateurs de droite ainsi que celle des journaux. Il doit prendre des décisions fermes maintenant. Il y a tant de problèmes à résoudre dans la péninsule coréenne ! Pyongyang demande toujours d'améliorer les relations avec son voisin du Sud. Car, il y a beaucoup de choses à gagner dans cette coopération. Cela dit, Lee Myung-bak a cherché, de manière non officielle, à avoir une rencontre au sommet avec les responsables nord-coréens. Comment faire pour remonter la pente ? Il faut réduire le décalage entre les paroles et les actes. Il reste presque trois ans au président Lee Myung-bak pour rattraper le temps perdu et pour que l'histoire retienne son nom. Dans le monde entier, on sort des problèmes datant du temps de la guerre froid. Ce n'est pas le cas en Corée du Sud. Ces dernières années, Roh Moo-hyun, prédécesseur de Lee Myung-bak, a adopté une politique d'ouverture vis-à-vis de la Corée du Nord. Il a réussi à avoir la confiance des responsables de Pyongyang. C'était une période de paix. Or, le gouvernement actuel reprend la mentalité du passé, celle des années 1960 et 1970, de l'époque de la guerre froide. Le rapprochement avec la Corée du Nord est otage de la politique des « old guys » (vieux garçons). Heureusement qu'il s'agit des derniers vieux garçons qui restent dans la politique coréenne ! Ceux-là mêmes qui exploitent l'affaire de la corvette Cheonan pour leurs intérêts politiques. Leur action s'inscrit à contre-courant de ce qui se passe au niveau international. La réunification est-elle voulue en Corée du Nord ? La Corée est une même nation, divisée en deux. Il y a toujours cet instinct de vouloir se rassembler. Il existe l'intention d'aller vers la réunification, mais la capacité de la concrétiser est bloquée par des problèmes. Savoir si Sud-Coréen ou Nord-Coréen sont capables de réaliser cet objectif est encore difficile. Il est politiquement correct de soutenir la réunification pour certains hommes politiques. A Pyongyang, les responsables ne parlent plus de réunification, car ils ont peur. Ils craignent une absorption de la Corée du Nord par la Corée du Sud. La réunification immédiate n'est pas possible. Il faut d'abord avoir une coopération économique et culturelle pacifique. A long terme, la réunification sera possible. Malheureusement, à Séoul, certains pensent que le moment de l'effondrement de la Corée du Nord est arrivé parce que le pays serait faible. Cet effondrement est, à mon avis, irréaliste.