Quand un journaliste de l'envergure de Rachid Alik disparait, c'est comme un poète qui s'en va et puis c'est une partie de nous qui se détache. Une douleur lancinante. Rachid est parti en silence, se cachant pour mourir. Tels ces oiseaux, de bon augure. Car il était de cette étoffe des grands journalistes avec cette différence, le talent. Nous apprécions ces chroniques au quotidien Le Matin. Il signait Zappa. Comme Frank Zappa son mentor psychédélique. Et «zappa» le passé simple du verbe zapper à la troisième personne du singulier. Un certain regard cursif, incisif sur l'actualité cathodique, cinéphile et culturelle. Un œil design, aiguisé et surtout innovant. Car il s'agissait d'un style journalistique frais, limpide et surtout jeune. Bref, il était «rock'n'roll». La preuve ! Il était le meilleur critique musical aussi bon que Rock et Folk ou encore les Inrocks. Ainsi que sa titraille incitative très recherchée. Rachid offrait un loukoum, du nectar au courant de sa plume. Un pro ! Il respectait le lecteur. Il n'était pas là pour épater la galerie. Mais il le régalait. Il s'appliquait. Il avait transposé ce savoir-faire plus tard au sein du quotidien Liberté en tant que secrétaire de rédaction, aux éditions Dalimen, au Fibda (Festival international de bande dessinée) et à l'Institut français d'Alger, comme responsable du Bureau du livre. Il était indispensable. La dernière fois où nous avons vu Rachid, c'était lors d'un événement qu'il avait organisé admirablement à l'IF, à Alger, en avril 2015. Une conférence-workshop était intitulée «Aux sources du raï». Où il avait invité le chercheur au Crasc, universitaire et auteur, celui qu'on ne présente plus, Hadj Miliani, et le talentueux compositeur, arrangeur, instrumentiste et producteur, Amine Déhane. Ainsi, les condoléances ne cessent d'affluer à l'issue de cette terrible nouvelle sur Facebook. L'Institut français d'Alger postera ceci : «Bien triste nouvelle, notre cher collègue Rachid Alik, responsable du Bureau du livre de l'Institut français d'Algérie, est décédé cette nuit, des suites d'une longue maladie.» Le groupe de pop-rock, Dzaïr, rendra hommage à l'artiste Zappa et à ses critiques musicales : «Allah yerahmou notre ami Rachid, dit Zappa. Un des meilleurs journalistes et critiques culturels. Paix à ton âme l'ami…» Rachid Alik devait ête inhumé hier après-midi au cimetière de Reghaïa. Partir à la cinquantaine, c'est trop tôt pour un journaliste. Rachid devait accomplir bien des belles et bonnes choses encore. Salut l'artiste !