Ce sont les beaux jours qui arrivent à l'Institut français d'Alger. Et pour cause ! C'est une saison d'enfer ! Le printemps ! Le printemps des poètes. Et jeudi dernier, ce sont deux troubadours «rurbains» qui ont taquiné les muses et… musique. Celle du raï. Le chercheur au Crasc, universitaire et auteur, celui qu'on ne présente plus, Hadj Miliani, et le compositeur, arrangeur, instrumentiste et producteur, Amine Déhane. En duo chic et choc, ils ont animé une communication de bonne facture étayée par un «showcase» instrumental, où Amine Déhane était aux manettes pour illustrer une vulgarisation de l'histoire du raï. Et justement, le thème de la conférence-workshop était intitulée «Aux sources du raï». Aussi, le grand spécialiste Hadj Méliani a-t-il conté et raconté l'histoire de la formidable aventure du raï, et ce, à travers un flash-back chronologique. De par les grandes dates ayant marqué le raï. L'ère des pères spirituels, comme Bensmir, Abdelkader Khaldi, Ahmed Wahbi, Blaoui Houari… L'underground où il était jugé et vulgaire, les pionniers, M'hamed Benzerga, Ahmed Saber ou encore Ourad Boumédiène, les «révolutionnaires» Bouteldja Belkacem, Bellemou et Bouataïba Seghir, le pop-raïmen, la jeune louve du raï aux longues dents, cheba Fadéla, et son succès Mahlali Noum… Le raï électrique et électro de Sidi Bel Abbès, Ahmed Zergui, le «grand frère» des Raïna Raï. Et puis, l'avènement des stars comme cheb Khaled, Cheb Mami et Cheb Hasni. Hadj Meliani insistera sur l'importance de ces trois dates dans l'histoire de la musique raï. Il s'est attardé sur l'album historique Kutché de Khaled produit par Safy Boutella et Martin Meissonnier, l'avènement de l'islamisme jetant l'opprobre sur cette musique juvénile qualifiée par les «headliners» de licencieuse et de débauche, la témérité de cheb Abdou, en tant que raïman gay avec le hit des medahate Madre Madre, le raï «viril» et «moralisateur» de cheb Bilal, cheb Akil disparu prématurément, Kader Japoanais… Pour Hadji Méliani, le raï est «contestataire». Et pour Amine Déhane : «Il est tribal».