Le recensement annuel des mères célibataires effectué au niveau de la maternité du secteur sanitaire de Mostaganem dépasse largement la centaine de cas durant la période s'étalant entre 2005 et 2009. À l'instar de toutes les villes du pays, le problème des mères célibataires se pose avec acuité à Mostaganem, alors que le sort des enfants biologiques est exclusivement pris en charge par les services de la DAS. Services qui assurent un suivi psychologique et administratif des enfants depuis leur naissance et leur abandon jusqu'à leur placement dans des centres d'accueil ou chez des familles d'adoption. C'est pourquoi, cette direction relevant du ministère de la Solidarité gère une enveloppe budgétaire de plusieurs centaines de milliards dont une grande partie est affectée aux allocations servies dans le cadre de la concorde nationale, soit aux repentis, soit aux travailleurs ayant perdu leur emploi du fait des évènements engendrés par la situation sécuritaire ayant suivi l'arrêt du processus électoral en janvier 1992. Cependant, pour des raisons multiples, alors que le devenir de l'enfance abandonnée bénéficie d'une relative prise en charge, il n'en est pas de même pour les mères biologiques qui, une fois l'accouchement accompli, disparaissent dans la nature. Cette population, de l'aveu du premier responsable de la DAS, ne se recrute pas comme on a tendance à le soutenir majoritairement auprès de la population estudiantine. Selon les chiffres disponibles, plus de 60% des mères célibataires ont des origines modestes et sont dans leur grande majorité analphabètes. Une population dont l'âge varie entre 18 et 45 ans. Alors que ce nombre n'était que de 60 en l'an 2000, il a atteint pas moins de 104 durant l'année 2004. Ces chiffres semblent loin de la réalité. En effet, selon nos sources, le recensement annuel des mères célibataires effectué au niveau de la maternité du secteur sanitaire de Mostaganem dépasse largement la centaine de cas durant la période s'étalant entre 2005 et 2009. En effet, elles étaient 146 en 2005, 155 en 2006, 192 en 2007. Dans certains cas, les bébés sont abandonnés dans la nature mais, généralement, les accouchements se font dans des structures hospitalières publiques ou privées. La fille mère peut de suite abandonner son bébé mais, sur le plan réglementaire, elle dispose de huit jours francs pour se rétracter et récupérer son enfant. Pris en charge au niveau des pouponnières, les nouveau-nés sont généralement placés dans des familles d'adoption. La procédure, qui est entièrement assurée par la DAS, permet à des familles dont les revenus cumulés s'élèvent à plus de 30.000 DA par mois d'être retenues. C'est ainsi que, pour l'année dernière, elles étaient 56 familles à travers le territoire national avoir adopté un enfant. Les familles algériennes de l'émigration ne sont pas en reste, puisque quatre d'entre elles auront bénéficié d'une « kafala » qui a concerné trois fillettes et un garçon. La DAS peut également recourir à des nourrices à qui elle confie des enfants en attendant leur placement dans des familles adoptives ou le retour dans la famille parentale, dans le cas où cette dernière se reconstitue. C'est également le cas pour les mères qui sont privées de liberté et dont les enfants ne peuvent pas être confiés à la belle-famille. Pour cette garde, les nourrices perçoivent une allocation mensuelle de 1300DA. Ils sont 23 enfants à être confiés à des nourrices. L'ensemble des enfants abandonnés sont suivis de manière régulière par les personnels de la DAS qui effectuent des visites impromptues. Actuellement, il y a pas moins de 1500 dossiers d'enfants adoptés qui sont suivis jusqu'à leur majorité. Par ailleurs, la DAS compte construire un centre d'accueil qui sera installé sur les hauteurs de la ville sur une superficie de 5.000m2 et dont le coût de réalisation s'élève à huit milliards de centimes. D'une capacité de 60 lits, sa réception prévue pour 2011 soulagera l'actuel centre de Debdaba dont la capacité n'est que de 40 lits. Cependant, les tabous sur les mères célibataires sont si tenaces qu'aucune famille ne peut se résigner à affronter cette insoutenable réalité ; s'agissant de l'honneur, certains préfèrent se voiler la face plutôt que d'être confrontés à la vindicte populaire. C'est pourquoi un enfant biologique est toujours un enfant du péché, ce qui pousse certaines jeunes filles au suicide. Une solution extrême qu'aucune association ne peut ni ne veut endiguer par un travail de proximité. Alors qu'elles sont légions dans les secteurs culturels et sportifs, voire politiques, les associations d'aide et de soutien aux filles mères tardent à voir le jour. Elles pourraient déjà commencer par s'impliquer dans la prise en charge effective des enfants abandonnés dont le taux de mortalité a de quoi heurter même les bonnes consciences.