L'accroissement du nombre d'enfants abandonnés s'explique surtout par la situation géographique de la ville de Sidi Bel Abbès qui accueille un nombre incalculable de mères célibataires issues des wilayas limitrophes. Le nombre d'enfants abandonnés à Sidi Bel Abbès a progressé de façon spectaculaire ces dernières années. Plus de 120 abandons ont été recensés en 2009, selon M.Riah Abdelkrim, président de l'Association enfance et familles d'accueil, créée en 1989. « Au milieu des années 1990, on enregistrait une trentaine d'enfants abandonnés par an, mais, depuis 2004, le chiffre a été multiplié par cinq, atteignant jusqu'à 160 en 2007 », révèle-t-il. « Généralement, dit-il, les nouveau-nés sont gardés momentanément au niveau de la maternité avant d'être orientés vers le foyer pour enfants assistés (sous tutelle du ministère de la Solidarité, ndlr) ». L'accroissement du nombre d'enfants abandonnés s'explique surtout par la situation géographique de la ville de Sidi Bel Abbès qui accueille un nombre incalculable de mères célibataires issues des wilayas limitrophes, mais également des localités avoisinantes. « Beaucoup de mères célibataires préfèrent donner naissance à leur enfant en dehors de leur wilaya d'origine. Nombre d'entre elles viennent de loin pour fuir l'opprobre et la sentence impitoyable de l'entourage familial, comme ce fut le cas avec des mères venues récemment de Ghardaïa et d'Adrar », explique M.Riah. Traumatisme pernicieux Cadre de la Fonction publique, notre interlocuteur estime que la forte demande exprimée par des personnes désirant adopter un enfant abandonné permet d'envisager des placements définitifs. Même si le traumatisme subi par l'enfant coupé de son milieu naturel demeurera jusqu'à l'âge de l'adolescence, période charnière de sa vie, « les chances pour qu'il puisse avoir une vie normale en famille d'accueil dépendent de plusieurs facteurs », souligne-t-il. De nos jours, beaucoup de couples optent pour l'adoption. « Le problème ne se pose pas à ce niveau, mais plutôt par rapport au suivi psychologique de l'enfant une fois qu'il saura qu'il a été adopté », ajoute-t-il. Malheureusement, l'enfant qu'on commence à traiter « d'illégitime », souvent en milieu scolaire, subit un autre traumatisme, plus profond et plus pernicieux. Parfois irréversible. Pour M.Riah, ce n'est pas le cas de tous les enfants abandonnés. « Il faut éviter certains stéréotypes. Il y a des enfants qui ont été abandonnés par leurs mères biologiques et par leurs parents adoptifs mais qui s'en sont sortis à merveille et ont même fondé des foyers ». Mais, pour ceux qui n'ont pas cette chance, le risque d'être récupéré par la rue demeure.