Faute d'une prise en charge adéquate, Bentebal Zohra, âgée de 43 ans, est morte samedi dernier à l'hôpital de la ville de Debdeb, au sud-est de la wilaya d'Illizi, non loin de la frontière avec la Libye. La défunte venait de mettre au monde un nouveau-né lorsqu'elle a présenté des complications qui nécessitaient l'intervention d'un gynécologue, non disponible à l'hôpital. Mère de quatre enfants en bas âge, Zahra est morte après s'être vidée de son sang. Le plus proche établissement se trouve à Illizi, à près de 500 km, ce qui a rendu son transfert impossible. Tous les efforts de la famille pour la sauver se sont avérés vains. La nouvelle de son décès a fait l'effet d'une bombe dans la ville. La colère a poussé la famille de la défunte à interpeller le premier magistrat de la commune sur la situation désastreuse dans laquelle se trouve l'établissement hospitalier, privé de spécialistes et d'équipements. « Cela fait des années que nous demandons aux autorités de doter le seul établissement de la ville de moyens de base nécessaires et surtout de lui affecter des spécialistes parce qu'il ne fonctionne qu'avec des généralistes », nous a déclaré un membre de la famille de Zahra, joint par téléphone. Selon lui, le taux de mortalité néonatale dans la ville est très élevé par rapport aux autres régions du fait de l'éloignement de la commune. Joint également par téléphone, un élu local a regretté ce « grave incident », tout en reconnaissant « l'impuissance » de son assemblée face au dénuement de sa localité. « Nous avons acheté, sur les propres moyens de la commune, un échographe, mais malheureusement, il n'y a pas de gynécologue ou de spécialiste pour l'utiliser. Le ministère a prévu l'ouverture de quatre postes spécialisés, mais personne n'est intéressé. Les citoyens nous ont demandé de trouver une solution afin de leur assurer une bonne prise en charge en matière de soins. Certains nous ont carrément demandé de saisir les autorités pour leur permettre d'aller se soigner à l'hôpital de Ghadamès, en Libye, qui se trouve à moins de 18 km de Debdeb, où il y a tous les équipements et les spécialistes nécessaires aux urgences médicales. Si l'Etat n'arrive pas à prendre en charge les habitants de Debdeb, qu'il trouve une solution pour leur permettre d'aller se soigner à Ghadamès », déclare l'élu, qui précise que la colère des habitants de Debdeb sera difficile à contenir. Une réaction légitime dans cette région si lointaine des grandes villes. Une région de l'Algérie profonde où le droit à la santé n'est pas encore acquis...