L'augmentation des salaires annoncée triomphalement par l'UGTA et à laquelle adhère, presque contraint et forcé, le patronat ressemble, à s'y méprendre, à un cautère sur une jambe de bois. La date symbolique du 1er mai, fête internationale des travailleurs, choisie pour la signature des conventions collectives des secteurs économiques public et privé et visant, dans l'esprit de la centrale syndicale, à présenter cet acquis comme le résultat d'une mobilisation et la lutte syndicale ne changera rien au caractère aléatoire de cette augmentation. Le niveau d'évolution des salaires retenu – une fourchette variant entre 10 et 20%, selon les spécificités des entreprises – apparaît d'ores et déjà dépassée avant même sa mise en œuvre du point de vue de ses retombées sur la fiche de paie et le pouvoir d'achat des travailleurs. Cette solution facile du recours au mécanisme de l'augmentation salariale sous la pression des travailleurs et des syndicats intervient en dépit de toute logique économique qui veut que c'est la croissance économique qui devrait générer les richesses et conditionner toute augmentation de salaires et non la rente pétrolière qui finira un jour tel un piège mortel par se refermer sur nous et surtout sur les générations futures. Cette thérapie, qui s'apparente à une médecine de catastrophe et d'urgence, ne rend service ni aux travailleurs dont le pouvoir d'achat ne fait que s'éroder face à l'inflation galopante que toutes les augmentations administratives décidées jusque-là sur fond de calculs politiques ou politiciens n'ont pu et ne pourront juguler, ni à l'entreprise algérienne et à l'économie nationale. La spirale inflationniste dans laquelle se trouve plongé le marché tue le travail et la compétitivité qui constituent le socle d'une économie forte et créatrice de richesse. Que vaut en effet une augmentation de salaires dans une économie qui a perdu tous ses repères ? Avec un dinar fortement déprécié, un marché informel « prospère », encouragé et protégé parce que servant des intérêts d'individus et de groupes sociaux qui ont leurs entrées dans le système et une bulle spéculative qui n'a épargné aucun secteur : de la production, des biens et services, de la consommation, mettant à rude épreuve les capacités productives de l'entreprise et le pouvoir d'achat du citoyen. C'est dire que l'augmentation salariale qui ne soit pas le produit d'un effort collectif de développement n'a jamais été la panacée pour amortir les chocs sociaux et les défis du développement. Elle n'a de sens que si elle est accompagnée et soutenue par une dynamique de développement qui concilie judicieusement les impératifs économiques et la satisfaction des besoins sociaux. Les recettes des politiques monétaristes ont montré partout leurs limites, comme l'atteste encore une fois la crise économique et financière qui secoue la planète.