3 millions de travailleurs concernés Issue n Après des mois de négociations, les conventions de branches dans le secteur économique public et privé ont été ratifiées récemment. Tout au long de ces dernières années, le monde du travail, tous secteurs confondus, a été cycliquement agité par des mouvements de protestations à travers des grèves qui paralysaient certains secteurs pendant de longs mois parfois. Au centre des revendications, la revalorisation des salaires. Les conventions de branches signées récemment et induisant une augmentation salariale allant de 20 à 23%, devraient en principe mettre fin à la contestation syndicale. C'est du moins ce qu'espèrent le ministre du Travail, Tayeb Louh et le patron de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd qui prévoient un renforcement de «la stabilité sociale» avec ces augmentations annoncées. Une projection qui semble toutefois un peu trop optimiste si l'on tient compte du fait que ces augmentations auront un effet limité sur le pouvoir d'achat qui ne cesse de se dégrader vu la libéralisation débridée et anarchique des prix des produits de première nécessité. Une situation dont l'augmentation des salaires ne peut pas, à elle seule, venir à bout. Par ailleurs, il ne faut pas omettre que cette mesure représente une charge de plus pour les entreprises qui subissent déjà des problèmes financiers, ce qui pourrait causer une crise que les licenciements massifs peuvent engendrer. Une «paix sociale» paraît, dans ces conditions, difficile à atteindre. D'ailleurs, dès le lendemain de la signature des conventions, des mouvements de grèves ont repris, à l'instar de celle qui paralyse actuellement le secteur des chemins de fer. Venue pour mettre en application les directives de la tripartite du 2 et 3 décembre dernier et après un processus de négociations lancé le 14 janvier 2010, portant mise à jour des conventions de branches (secteur public) et conventions collectives «cadre» (secteur privé), cette ratification a concerné une vingtaine de conventions. Au total, 84 accords salariaux ont été conclus lors d'une cérémonie qui s'est déroulée en présence du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, du secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, et de représentants du gouvernement, d'entreprises de gestion des participations et de patronat. «Cette rencontre est le résultat des négociations lancées officiellement en janvier 2010, marquée par la signature de 84 conventions de branches et conventions collectives sectorielles finalisées, en faveur d'une vingtaine de secteurs y compris privé», a indiqué M. Louh dans une allocution à l'occasion. Cette ratification qui s'est voulu une preuve de l'engagement de l'Etat à améliorer la situation socio-économique des travailleurs – d'autant plus qu'elle a coïncidé avec la date symbolique du 1er Mai, Journée mondiale du travailleur –, a concerné 2,9 millions de travailleurs des secteurs public et privé. Ces derniers ont bénéficié d'une augmentation salariale de 20 à 23%, soit une moyenne de 5 000 DA. Lors d'une conférence de presse animée à l'issue de la signature des conventions, le ministre, dans un message rassurant, a précisé que son département «œuvrera à combler le vide existant dans le code du travail actuel concernant l'autorisation du ministère à généraliser les conventions collectives dans tous les secteurs afin que les employeurs ne puissent pas imposer leurs salaires aux travailleurs sans négociations». Il a rappelé que «les conventions sectorielles ont connu une forte relance depuis 2006». Entre 2006 et 2009, 25 conventions de branches et 42 conventions collectives «cadre» ont été ratifiées par les partenaires sociaux portant le nombre global depuis 1990 à ce jour à 55 conventions de branches et 93 conventions collectives «cadre». Il a évoqué, par la même, certaines mesures prises par les autorités publiques pour la préservation et l'amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs, notamment à travers la revalorisation de 25% du Salaire national minimum garanti (Snmg), décidée également par la dernière tripartite. Aussi, les mesures prises en faveur des travailleurs de la Fonction publique, à travers la promulgation de 38 statuts des 45 statuts particuliers. De leur côté, le secrétaire général de l'Ugta et le patronat se sont déclarés satisfaits de l'aboutissement heureux après des milliers d'heures de négociations salariales. «Une augmentation avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2010», a-t-il affirmé.