Elle était partie ce jeudi matin au tribunal militaire de Blida confiante et rassurée, convaincue qu'elle n'a été convoquée qu'en tant que témoin. Elle n'a même pas pensé à prendre ses médicaments au cas où… De quoi pouvait-on l'accuser ? D'être une femme politique qui dérange ? Elle l'est certes, mais ce n'est pas un délit. D'avoir eu des contacts avec Toufik, l'ancien chef des services secrets, et Saïd Bouteflika ? Où est le problème ? Louisa Hanoune est certainement l'unique responsable politique de l'opposition qui n'a jamais caché ses contacts avec l'ancien chef de l'ex-DRS et le président de la République démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika. Mais elle était publiquement en guerre contre Saïd. Cette femme au caractère bien trempé, militante des droits de l'homme et femme politique engagée que tous les Algériens respectent, ne mérite pas d'être jetée en prison pour un soi-disant complot contre l'armée ou autre accusation, parce qu'elle n'en est pas capable tout simplement. De quelle force ou de «divisions» peut disposer Louisa Hanoune pour prétendre ébranler de son piédestal le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah ? Par contre, elle l'a fortement critiqué à maintes occasions, faisant même allusion à ses fils et leurs accointances avec le milieu des affaires et de la contrebande à Annaba (sa région natale) et ses environs. Ses déboires avec Gaïd Salah viennent probablement de là. La responsable du Parti des travailleurs est tout à fait dans son rôle de faire de la politique, et parler du chef d'état-major en fait partie. Il appartient toutefois au parquet militaire de donner rapidement les raisons probantes qui justifieraient l'incarcération de Louisa Hanoune. Sinon, lui rendre sa liberté. Ce n'est pas la première fois que Gaïd Salah met à mal la justice militaire. Nous devons rappeler ici l'affaire de Zéralda, que d'aucuns considèrent comme montée de toutes pièces, qui a permis au chef d'état-major de liquider certains généraux-majors proches de Toufik afin de précipiter la chute de ce dernier. Plusieurs magistrats ainsi que le directeur de la justice militaire ont été mis à la porte pour avoir mal exécuté ses ordres. Des preuves ont été réunies pour conclure à une tentative de coup d'Etat contre Bouteflika. Quelques mois plus tard, l'officier qui a tiré des coups de feu s'en sort avec trois ans de prison et les généraux mis en cause totalement innocentés. L'un d'eux demeure encore sous ISTN (Interdiction de sortie du territoire national). Gaïd Salah, en bon militaire, ne lésine donc pas sur les moyens pour atteindre son objectif. Il est actuellement «en campagne» pour imposer l'élection présidentielle prévue le 4 juillet, que le peuple algérien rejette avec force. L'opinion publique nationale n'a plus aucun doute sur les intentions de Gaïd Salah de vouloir installer son homme de confiance à la présidence de la République afin d'assurer son repli de la scène et profiter d'une bonne retraite. Sinon, comment expliquer le fait de confier l'organisation de la présidentielle à Bedoui, un spécialiste de la fraude électorale ?