La mobilisation populaire réclamant le départ du système est toujours forte. Malgré les tentatives de division et les manœuvres enregistrées durant la semaine dernière, notamment, des millions d'Algériens sont sortis, aujourd'hui, sous le mot d'ordre de « chaab Khawa Khawa » contre « El 3isaba (la bande) » qui a ruiné le pays. En effet, une foule immense de manifestants a déferlé, dès le début de l'après-midi, sur Alger-centre, lieu de convergence de tous les marcheurs, pour dire non au plan du pouvoir et à la feuille de route du chef d'Etat-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Ce dernier en a pris d'ailleurs pour son grade. « Gaïd Salah dégage ! » et « el djeiche djeichena, wa el Gaïd khanena (l'armée est la notre, mais Gaid Salah nous a trahi), scandent à tue tête les manifestants au niveau de la place Audin et de la Grande poste. Brandissant pancartes et banderoles, les protestataires ont choisi, cette fois, de donner une réponse claire au vice-ministre de la Défense qui a tenté, dans son discours de mardi dernier, d'imposer le « passage obligé par la présidentielle du 4 juillet dernier avec Bensalah, chef de l'Etat, et Bedoui, premier ministre ». « Un seul Gaid, le peuple ! », répondent les Algériens à travers des slogans transcrits sur plusieurs affiches. Ce faisant, les manifestants réclament à nouveau le départ d'Abdelkader Bensalah et du gouvernement Bedoui. Ils leurs demandent ainsi de dégager. Les affaires de justice lancée, ces derniers jours, avec l'arrestation de certains hommes d'affaires, était aussi au cœur de la manifestation d'aujourd'hui. Mais pas dans le sens voulu par les tenants du pouvoir réel. « Nous voulons une justice transitionnelle et non un vengeance. Le peuple veut une véritable justice et non pas un règlement de comptes », lit-on aussi sur plusieurs pancartes, démontrant la maturité politique des manifestants, qui adapte encore le slogan d'origine au mouvement pour dire que : « Hada Ecchaab la yourid, el Gaïd wa Saïd (le peuple ne veut ni Gaïd Salah, ni Saïd Bouteflika) ».