L'affaire de l'opérateur téléphonique Djezzy semble prendre les allures d'un véritable feuilleton égyptien, à mesure que les déclarations officielles se multiplient. Des déclarations précipitées par la révélation de l'existence de négociations entre Orascom Telecom Holding et la multinationale sud-africaine MTN. Hier encore, c'est le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui a relancé le débat autour du flou caractérisant la vente ou pas de la filiale Algérie d'Orascom Telecom (OTA). Karim Djoudi a affirmé que le groupe égyptien n'a pas encore affiché sa volonté de vendre sa filiale à l'Etat algérien. « A ce jour, nous n'avons pas d'information en ce sens, il n'y a pas de volonté affichée pour la cession de Djezzy à l'Etat algérien », a-t-il déclaré en marge d'une réunion au Conseil de la nation. La déclaration de l'argentier du pays vient contredire celle faite par son collègue du gouvernement, Hamid Bessalah, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication. Ce dernier a fait savoir, le 16 mai dernier, que des négociations sont engagées entre le gouvernement et les propriétaires d'Orascom Telecom (OTA) pour le rachat, par les pouvoirs publics, de Djezzy. Il a avait affirmé d'ailleurs que « les négociations durent, mais je crois que la situation du holding est telle qu'ils vont accélérer le processus de vente et j'insiste à dire que ce sont eux qui ont décidé de vendre ». Il était sûr au point de dire que « l'Etat algérien n'a pas seulement l'intention de racheter Djezzy, mais qu'il y a une décision dans ce sens, puisque c'est Orascom Telecom Algérie (OTA) qui veut vendre ». Qui croire ? Et qui dit vrai entre ces deux voix du gouvernement algérien ? S'agirait-il d'une divergence au sein du pouvoir quant à la suite à donner à la grosse affaire Djezzy. Il est vrai que la guerre des mots entre l'Alger et Le Caire a déteint sur les bonnes affaires de l'opérateur égyptien en Algérie. Mais « les embrouilles » pour l'opérateur égyptien ont commencé bien avant. Djezzy, qui s'est taillé la part du lion dans le marché de la téléphonie mobile en Algérie, avec 14 millions d'abonnés, était déjà dans le viseur des autorités algériennes. En juillet 2008, dans un discours devant les maires du pays, le chef de l'Etat s'est attaqué à l'opérateur égyptien, sonnant ainsi le glas des affaires de l'intouchable homme d'affaires égyptien, Nadjib Sawiris, en Algérie. Les raisons financières invoquées par Bouteflika peuvent en cacher d'autres.