On marchera jusqu'à la chute du système. C'est une révolution populaire pacifique pour la liberté et la justice sociale», ont scandé hier les étudiants, les enseignants et les ATS de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa, engagés dans le mouvement populaire depuis le 22 février dernier dans les rues de Béjaïa. Les mots d'ordre et les slogans de cette deuxième marche de la communauté universitaire de ce mois de carême ont été influencés par les dernières évolutions sur la scène politique et les incidents survenus. Le général-major Gaïd Salah, l'homme fort du moment, a été particulièrement ciblé par les étudiants. A travers leurs pancartes, ils plaident pour un Etat civil. «Nous voulons un Etat civil et non pas militaire», car il est clair que pour le moment l'armée tente peu à peu de contrôler l'acheminement des événements et de prendre en main la transition au détriment de la volonté populaire. Les sanctions qui se sont abattues sur les journalistes de l'EPTV la semaine passée renseignent sur la volonté au retour progressif des anciennes pratiques. La main basse sur certains médias privés se fait aussi de plus en plus remarquer à travers des émissions et des interventions de chefs de partis politiques qui s'emploient à vendre le projet de l'élection du 4 juillet prochain. La vague des arrestations a été décriée en signe de «solidarité avec les camarades du Parti des travailleurs», après l'arrestation de la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune. Aussi, la mise sous mandat de dépôt du général à la retraite Hocine Benhadid, «un détenu d'opinion», fait dire aux étudiants qu'«Il suffit qu'on menace vos intérêts personnels (AGS) pour que vous mettiez les gens en prison sous prétexte d'atteinte à l'institution militaire», lit-on sur une pancarte. «La volonté du peuple passe par l'élection d'une Assemblée constituante souveraine», insiste la communauté universitaire qui rejette de ce fait l'élection présidentielle prévue le 4 juillet 2019 à laquelle tiennent mordicus Bensalah et le chef de l'armée. Pour la communauté universitaire, le départ de Bensalah est une condition sine qua non pour amorcer une période de transition démocratique. Elle réfute par la même occasion une période de transition gérée à «l'aveuglette» par l'armée. «Le peuple ne veut pas d'une période de transition militaire», «Ni Bensalah ni Gaïd Salah, système dégage», réitèrent les manifestants. Suite à l'agression d'un non-jeûneur par des extras universitaires le samedi dernier à l'université de Bouzaréah, les étudiants ont exprimé leur solidarité avec leur camarade tout en dénonçant la violation des franchises universitaires. Ils ont appelé à ce propos au «respect des libertés individuelles, de conscience et de culte», comme le dit si bien cette pancarte sur laquelle on peut lire : «Jeûneurs non-jeûneurs, khawa khawa».