Prévisible. L'ancien ministre de la Défense nationale, Khaled Nezzar, a été entendu en tant que témoin, hier, par le juge d'instruction du tribunal militaire de Blida, dans l'affaire dite «Tartag, Toufik, Saïd Bouteflika» poursuivis pour «complot contre l'autorité de l'Etat» et «complot contre l'autorité de l'armée». Il faut rappeler que le 29 avril dernier, le général Nezzar avait révélé qu'il a été approché une première fois par le frère-conseiller du Président, Said Bouteflika, le 7 mars dernier, soit au début de l'insurrection citoyenne, qui lui a demandé son avis sur le règlement de la crise politique, et une seconde fois, le 30 mars, où Saïd Bouteflika a suggéré le «limogeage du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah», selon les termes rapportés par Khaled Nezzar. «Il me dit que le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP était en réunion avec des commandants des forces et qu'il pouvait agir contre Zéralda d'un instant à l'autre. Il voulait savoir s'il n'était pas temps de destituer le chef d'état-major (…).» Cette déclaration est venue appuyer les accusations proférés par Gaïd Salah en évoquant à maintes reprises l'existence d'un «complot qui se tramait contre l'Etat». La sortie de Nezzar avait précipité l'arrestation de Saïd Bouteflika et des deux anciens patrons des services de renseignement, Bachir Tertag et Mohamed Mediène, dit Toufik. D'une pierre deux coups. Khaled Nezzar enfonce le frère du Président déchu et s'en lave les mains. Dans le sillage de cette affaire, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a été également arrêtée. Une arrestation qui a soulevé une vague d'indignation nationale et internationale. C'est la première fois que le chef d'un parti politique légal est déferré devant un tribunal militaire au moment même où les Algériens descendent dans la rue par millions pour revendiquer le changement du système politique.