Deux points qui pèseront très lourd le jour du procès de l'ex-conseiller du président, soutenus par Khaled Nezzar. Il a affirmé que Saïd Bouteflika se comportait comme le seul décideur et qu'il avait tenté de destituer le chef d'état-major. Un témoin à charge. C'est ce qu'a été hier le général à la retraite Khaled Nezzar qui s'est présenté devant le juge du tribunal militaire de Blida chargé d'instruire l'affaire de Saïd Bouteflika et des deux chefs de l'ex-département du renseignement et de la sécurité (DRS), les généraux Mohamed Mediène dit Toufik et Athmane Tartag dit Bachir, en détention depuis le 5 mai dernier pour «atteinte à l'autorité de l'Armée» et «complot contre l'autorité de l'Etat». Auditionné pendant deux heures, le général à la retraite Nezzar est bien évidemment revenu sur ses échanges avec Saïd Bouteflika durant les derniers jours qui ont précédé la démission du président Abdelaziz Bouteflika. Une histoire déjà connue par le grand public puisque le général a choisi de devancer la convocation du tribunal militaire et de publier une déclaration dans laquelle il a expliqué les contacts qu'il a eus avec l'ex-conseiller du président. Un choix bien réfléchi qui a évité à Khaled Nezzar de s'attirer les foudres d'Ahmed Gaïd Salah. Ce dernier, faut-il le rappeler, avait assuré avant même la démission de l'ex-président qu'un complot se tramait contre l'autorité de l'armée et qu'il détenait toutes les preuves qui seront présentées en temps opportun. Le général Nezzar a donc décidé de jouer franc-jeu en publiant le 29 avril dernier sur le site Algérie patriotique les avis échangés avec Saïd Bouteflika. Ce qu'il a raconté dans sa déclaration pèsera très lourd dans le dossier des trois inculpés Saïd, Toufik et Tartag. Nezzar va affirmer que Saïd Bouteflika a pris contact avec lui pour lui demander conseil face au soulèvement inédit du peuple algérien. Mais selon l'ex-ministre de la Défense, Saïd Bouteflika s'est accroché au pouvoir, rejetant toutes les propositions faites et brandissant la menace de recourir à l'état d'urgence ou l'état de siège! Mais le plus grave dans le témoignage écrit du général Nezzar, ce sont deux points qui pèseront très lourd le jour du procès de l'ex-conseiller du président. Khaled Nezzar va écrire en premier «je me suis rendu compte qu'il (Saïd Bouteflika Ndlr) se comportait comme le seul décideur et que le Président en titre était totalement écarté». Quelques lignes plus loin, Nezzar assure que le 30 mars dernier, Saïd Bouteflika l'a appelé «il me dit que le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP était en réunion avec des commandants des forces et qu'il pouvait agir contre Zéralda d'un instant à l'autre. Il voulait savoir s'il n'était pas temps de destituer le chef d'état-major». Nezzar confirme donc que Saïd Bouteflika a tenté de destituer le chef d'état-major. Et c'est sur ce témoignage que reposera l'accusation d'«atteinte contre l'autorité de l'Armée».