La liste des personnalités politiques et du monde des affaires interdites de sortie du territoire ne cesse apparemment de s'allonger. Selon le quotidien Liberté, la police de l'air et des frontières (PAF) a activé, hier, 378 nouvelles fiches d'interdiction de sortie du territoire national (ISTN), à titre conservatoire, qui concernent des personnes ciblées par des enquêtes préliminaires relatives à des affaires liées à des faits de corruption. Ce qui fait que jusqu'à aujourd'hui, il y aurait au total 540 ISTN. Selon la même source, d'anciens hauts responsables de l'Etat sont concernés par ces mesures. Il s'agirait, entre autres, de Abdelmalek Sellal, ancien Premier ministre et ex-directeur de campagne de Bouteflika, et son successeur à ce dernier poste, Abdelghani Zaâlane, ancien ministre des Transports et des Travaux publics. Parmi les enquêtes lancées, il y a apparemment celle relative au financement de la direction de campagne de Bouteflika. Des sommes faramineuses ont été collectées. D'anciens ministres, au nombre de dix, et trois généraux-majors, dont Ahtmane Tartag, désormais ex-coordinateur des trois directions de renseignement, seraient interdits de sortie du territoire national. Il y a aussi des PDG de banque, de concessions et d'usine d'assemblage automobile et des directeurs d'OPGI (Office de promotion et de gestion immobilière). Le 1er avril, le parquet général près la cour d'Alger avait indiqué que «des enquêtes préliminaires sont mises en œuvre pour des faits de corruption et de transfert illicite de capitaux vers l'étranger». Un communiqué venu confirmer les rumeurs qui avaient circulé la veille concernant le lancement d'enquêtes touchant des personnalités du monde des affaires. «Conformément à l'article 11 alinéa 3 du code de procédure pénale, le parquet général près la cour d'Alger porte à la connaissance de l'opinion publique que des enquêtes préliminaires sont mises en œuvre pour des faits de corruption et de transfert illicite de capitaux vers l'étranger. Pour les nécessités des enquêtes, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed a procédé à l'application des dispositions de l'article 36 bis 1 du code de procédures pénales et a pris des mesures conservatoires en ordonnant l'interdiction de sortie du territoire national à l'encontre de certaines personnes», a précisé le communiqué du parquet d'Alger. La veille, le 31 mars, Ali Haddad, patron du groupe ETRHB et ex-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), avait été arrêté au poste-frontière d'Oum Teboul, à El Kala, alors qu'il s'apprêtait à quitter le territoire national. Trois jours plus tard, celui-ci a été placé sous mandat de dépôt pour possession de deux passeports et infraction à la réglementation de change. Entre-temps, une liste contenant 12 noms, dont ceux de Haddad, Kouninef et Tahkout, a commencé à circuler. Néanmoins, à l'heure actuelle aucune autre personnalité n'a été arrêtée. Le parquet général près la cour d'Alger n'a pas, non plus, donné plus d'informations au sujet de ces enquêtes.