Une centaine de familles ayant été délogées de l'avenue de Roumanie dans le cadre de l'opération de relogement de 690 bénéficiaires à la nouvelle ville Ali Mendjeli sont sans toit depuis près de trois semaines. Une partie de leurs affaires, rassemblée dans la cour de l'école primaire Aldjia Hamidi, sise à l'avenue Rahmani Achour, a été endommagés par les intempéries. Ces familles vivent actuellement une situation absurde, et la date de leur relogement n'est même pas encore connue. Si l'Etat décide de déloger des habitants pour des projets d'utilité publique, faut-il encore qu'il trouve à ces derniers une solution d'hébergement provisoire, ne serait-ce que pour ne pas perturber la scolarité de leurs enfants. Aujourd'hui, le fait est là, et c'est une lourde responsabilité qui incombe aux autorités concernées. Ces familles dont la majorité est hébergée chez des proches ou des amis, et d'autres chez des collègues de travail, assurent qu'elles possèdent des actes de propriété et qu'elles remplissent les critères pour bénéficier d'un logement. Selon un communiqué et une pétition signée par les familles exclues, et dont une copie a été remise à notre rédaction, ces dernières remettent en cause la transparence et l'intégrité du comité dit des chourafa dont les membres ne sont autres, selon les propos du wali, que « des habitants de l'avenue de Roumanie ayant coopéré avec l'administration pour le recensement des ménages ont droit au logement ». « Ce sont des informateurs anonymes », lit-on dans le communiqué des familles exclues qui dénoncent vivement « les interventions occultes au profit de certains habitants », et s'insurgent contre le fait que « la liste des bénéficiaires n'a pas été affichée, ni les paramètres retenus pour cette sélection ». Elles s'interrogent sur la manière avec laquelle ont été distribuées les convocations deux jours avant l'opération du tirage au sort, soit le 4 avril passé. « Des gens sont venus au quartier à la tombée de la nuit pour remettre les convocations dans des conditions douteuses », affirment les signataires du communiqué, ajoutant, par ailleurs, que la manière « brutale et inhumaine » avec laquelle ont été délogées ces familles n'a pas d'égal, surtout en présence d'un arsenal de près de 500 policiers. « Pourquoi on nous colle cette étiquette de voyous, nous sommes des citoyens très respectueux. Nous ne sommes pas contre la modernisation de la ville, mais plutôt contre l'injustice de ces responsables, qui n'ont pas reconnu notre droit à un logement décent », lancent des membres de l'une des familles expulsées. Combien sont-ils ces ménages, des ayants droit, à avoir été sommés par la force publique de quitter leurs maisons pour être ensuite abandonnés ? Selon les déclarations du wali, 1 400 familles habitant cette avenue devront occuper de nouveaux logements, sachant que 1 200 habitations sont prêtes à la distribution. L'on saura auprès de ces familles que les nombreux recours introduits sont restés lettre morte.