Le système Bouteflika tente de se régénérer et se donner une nouvelle vie. Sous la houlette du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, les éléments qui constituaient le noyau dur de l'ancien régime se replacent. Ils sortent, en tout cas, de leurs terriers et se mettent de plus en plus au-devant de la scène. Pis, ils s'autoproclament même porte-parole du mouvement populaire, qui lui leur demande tout simplement de dégager. En effet, trois mois après le début de la révolution populaire pacifique, les soutiens zélés du 5e mandat du chef de l'Etat tournent casaque et astiquent désormais les rangers du détenteur du pouvoir réel, en l'occurrence le chef d'état-major de l'ANP. Sans aucune transition, ils passent d'un bord à l'autre et changent de fusil d'épaule. C'est le cas du FLN. Cette formation, dont les responsables, à l'image de son actuel secrétaire général, Mohamed Djemai, n'ont pas cessé de narguer les Algériens en leur imposant le 4e mandat et en défendant jusqu'à la dernière seconde le 5e bail du Président déchu, se cache désormais derrière l'institution militaire. Après avoir soutenu Abdelaziz Bouteflika, les dirigeants de l'ex-parti unique soutiennent désormais avec le même zèle le chef d'état-major de l'ANP. Ayant appuyé l'application de l'article 102 de la Constitution, qui a conduit à la chute de son propre président, le FLN s'aligne, sans doute par peur de représailles, sur la position du premier militaire du pays, qui veut imposer aux Algériens une présidentielle rejetée massivement. «Nous soutenons avec force et conviction l'institution militaire qui n'a pas voulu emprunter cette voie (la transition, ndlr) à l'issue incertaine et dont les conséquences seront négatives tant pour le peuple que pour le pays. Au FLN, nous sommes en faveur d'un dialogue constructif, d'une solution dans un cadre constitutionnel. Nous plaidons pour une innovation dans le cadre constitutionnel», lance le nouveau SG du FLN, sans toutefois formuler de proposition de sortie de crise. Mohamed Djemai n'a certainement pas oublié les cris de «FLN dégage» qui fusent de toutes les marches depuis le 22 février. Il tente ainsi d'éviter à sa formation la voie du musée en s'alignant derrière le chef d'état-major de l'ANP et en prétendant être avec le mouvement populaire. Ghoul, Benyounès et Ouyahia au Garde-à-vous Le RND d'Ahmed Ouyahia, le TAJ de Amar Ghoul et le MPA de Amara Benyounès n'ont pas mis aussi beaucoup de temps pour se mettre au garde-à-vous. Ils épousent entièrement les propositions d'Ahmed Gaïd Salah, notamment le respect du cadre constitutionnel et l'organisation de l'élection présidentielle. Ainsi, le RND exprime son souhait de «voir l'élection présidentielle se tenir rapidement pour enter dans la période des réformes». Cette formation soutient aussi l'appel du chef d'état-major à l'accélération du processus de mise en place d'une instance indépendante de gestion des élections. Pour sa part, le MPA se félicite du contenu du discours de Gaïd Salah, alors qu'il s'était montré opposé à la tenue de la présidentielle dans les conditions actuelles, il y a seulement quelques semaines. «Conscient de la gravité de la situation du pays, le mouvement populaire algérien accueille avec satisfaction les dernières déclarations du vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'ANP, qui constituent une confirmation sans équivoque de l'engagement de l'institution militaire pour une sortie de crise apaisée», explique ce parti dans un communiqué. Le MPA réaffirme, selon le même communiqué, son attachement à un processus constitutionnel, «seul à même d'épargner au pays des errements préjudiciables, qui pourraient hypothéquer son avenir immédiat». Même son de cloche chez le parti TAJ qui réitère son soutien à la démarche prônée par Ahmed Gaïd Salah. A travers ces réactions, on constate une réelle volonté de remettre sur les rails l'alliance présidentielle constituée autour du président Bouteflika, pour la mettre au service du système qui refuse de partir comme l'exigent les millions d'Algériens qui occupent le terrain depuis le 22 février dernier.