Depuis le mouvement populaire du 22 février, les partis de la coalition présidentielle, ont subi de plein fouet la cinglante colère populaire. Mais face au tribunal du peuple qui les a condamnés sans appels, les responsables de ces partis n'avaient dès lors d'autre choix d'investir une stratégie, pour l'ouverture d'une fenêtre d'opportunité pour revenir sur la scène politique. En effet, ayant été le parti du pouvoir, mais sans pouvoir, le FLN est sans doute celui qui a subi les plus grands dommages collatéraux de la chute presque cocasse de Bouteflika. Moad Bouchareb, avec sa fameuse phrase prononcée à Oran dans laquelle il avait traité ceux qui s'opposaient au cinquième mandat de Bouteflika de « rêveurs », s'est condamné de facto. Son maintien à la tête du FLN en tant que coordinateur de l'instance provisoire pour une période de transition devenait impossible, d'autant plus qu'il était contesté de l'intérieur même du parti. Mohamed Djemai, élu SG, après plusieurs sessions houleuses du Comité central s'attèle désormais à remettre de l'ordre de la maison FLN. La nouvelle direction du parti joue actuellement des deux pieds. Elle multiplie les messages de bienveillance à l'égard du mouvement national, en faisant siennes ses revendications tout en ayant un œil sur ce qui se passe au sommet de l'Etat. La situation est différente pour le RND, la deuxième béquille du pouvoir. Malgré une contestation interne orchestrée par son ex porte-parole, qui redevient subitement opposant, Ahmed Ouyahia semble tenir la baraque. En témoigne le communiqué qui a sanctionné la dernière réunion de son bureau national. Communiqué dans lequel Ahmed Ouyahia apporte son soutien à l'appel au dialogue du chef de l'état-major. Amar Ghoul, sur qui pèse l'épée de Damoclès de la Justice est partagé entre le souci de se faire oublier médiatiquement et néanmoins la tentation de faire des offres de services au pouvoir en place. Lui aussi ne manque pas de saluer les appels au dialogue de Gaid Salah tout en y souscrivant. Des quatre partis de l'ex coalition présidentielle, c'est sans doute le MPA de Amar Benyounes qui se caractérise par son mutisme assourdissant. Sa seule sortie médiatique était d'afficher sa disponibilité à « accompagner le Hirak ». Mais pas de réaction du MPA au sujet des discours récurrents de Gaid Salah, encore moins de son appel au dialogue. Ce silence pourrait être le signe d'une crise d'identité politique du parti de Benyounes, probablement tenté de rompre les amarres avec le pouvoir pour entamer une rédemption au sein de l'opposition. Encore faut-il que cette dernière lui souhaite la bienvenue.