Jamais la Cour suprême n'a pris autant de temps pour examiner un dossier militaire. Près de quatre années sont passées depuis le pourvoi en cassation, auprès de cette haute juridiction, contre la condamnation à 5 ans de prison du général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Aït Ouarabi, ancien chef de l'unité d'élite de lutte antiterroriste de l'ex-DRS (Département de renseignement et de sécurité), par le tribunal militaire d'Oran, pour «non-respect des consignes militaires» et «destruction de documents». Ce n'est qu'hier que son dossier a été examiné en présence de ses avocats. Après la mise en délibéré, la Cour suprême a décidé de casser le jugement et de renvoyer l'affaire devant la cour militaire de Blida pour un nouveau procès. Ainsi, à quinze mois de la fin de sa détention, le général Hassan sera rejugé par une autre juridiction pour les mêmes faits. Il avait été arrêté au mois d'août 2015, après une année de sa mise à la retraite, dans un contexte marqué par une cascade de radiations et de mises à la retraite anticipée de nombreux cadres du département que dirigeait, à l'époque, le général de corps d'armée, Mohamed Mediène, dit Toufik (actuellement en détention), visé par un plan de déstructuration. Les circonstances dans lesquelles cet officier a été jugé et condamné à la peine maximale sans bénéfice de circonstances atténuantes, balayant d'un trait une carrière de 51 ans d'actes de bravoure et d'abnégation pour la sauvegarde de la patrie, qui a fait de lui le gradé le plus décoré de l'armée algérienne, sentaient le règlement de compte et donnaient au verdict un caractère de châtiment exemplaire aux éventuels contestataires. Avec le renvoi de cette affaire devant un autre tribunal, peut-on dire que les conditions d'un procès juste et équitable soient réunies ? La question reste posée.