Toutes les requêtes, un pourvoi en cassation, un mémoire et quatre demandes de mise en liberté pour des raisons d'âge et de santé du détenu ont été rejetés par la Cour suprême. Condamné à cinq ans de prison, pour un délit pour le moins confus, le général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Aït Ouarabi, croupit en prison depuis le 28 août 2015. Aujourd'hui âgé de 71 ans, l'accusé, pour "infraction aux consignes générales de l'armée", est atteint de plusieurs maladies chroniques. Son avocat, Mokrane Aït Larbi, alerte sur son "état de santé grave qui nécessite un suivi quotidien dans un cadre familial". Dans sa déclaration envoyée hier à notre rédaction, l'avocat avertit même sur le risque de voir son client "mourir dans sa cellule" au vu, dénonce-t-il, des conditions de détention ne permettant pas de lui prodiguer des soins adéquats. Me Aït Larbi est d'autant outré que toutes les requêtes, un pourvoi en cassation, un mémoire et quatre demandes de mise en liberté pour raisons d'âge et de santé du détenu, soient tout bonnement rejetées par la Cour suprême. "Le général Hassan, ancien chef du service central opérationnel de recherche antiterroriste du DRS, a introduit un pourvoi en cassation. Et en ma qualité de son avocat, j'ai déposé un mémoire au greffe de la chambre criminelle de la Cour suprême le 20 janvier 2016. Deux années après, la Cour suprême n'a pas encore statué sur ce dossier", regrette, en effet, l'avocat. Les demandes de mise en liberté déposées par l'avocat connaîtront le même sort, et ce, s'offusque-t-il, "malgré l'état de santé du général Hassan et les garanties qu'il présente pour répondre à toute convocation relative à cette affaire". Me Aït Larbi précise avoir déposé trois demandes avant d'introduire une quatrième cette semaine. Des rejets que l'avocat se dit ne pas comprendre tant est que la Cour suprême a toujours statué sur les pourvois en cassation contre les jugements des tribunaux militaires dans "un délai n'excédant pas 8 mois". De ce fait, explique-t-il, le dossier du général Hassan devait logiquement être traité par la chambre criminelle de la Cour suprême, juridiction de droit, comme tout autre dossier relevant de la justice militaire, et ce, conformément au principe d'égalité devant la justice. Ce qui tarde toujours à venir dans le cas du général Hassan, proche du général Toufik, dont le procès s'apparente plutôt à un règlement de compte politique. "Après plus de 28 mois de détention et près de 2 ans du dépôt de mémoire, il est de mon droit en tant qu'avocat de la défense de m'interroger sur les raisons de ce ‘raitement de faveur' réservé au général Hassan", ironise Me Aït Larbi qui ne compte pas se taire pour autant. "Par devoir professionnel et acquis de conscience, je tiens à rappeler publiquement que le traitement du dossier du général Hassan ne doit obéir qu'au droit, et en dehors de toute autre considération extrajudiciaire et juridique. Ceci implique sa mise en liberté pour raison de gravité de son état de santé, en attendant la décision de la Cour suprême et le procès", a-t-il plaidé. Pour rappel, la condamnation du général Hassan avait suscité la réaction aussi bien des partis politiques de l'opposition que d'observateurs. Pour ces derniers, l'accusé serait la victime collatérale de la guerre des clans au sommet de l'Etat. Celle-là même qui avait précipité la mise à la retraite de son supérieur, en l'occurrence le général Toufik, de son vrai nom Mohamed Mediene. Farid Abdeladim