Abdelaziz Belkhadem et Amr Moussa ont annoncé les principaux projets de textes retenus qui seront soumis à l'approbation du sommet des chefs d'Etat. Les travaux de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, préparatoire du sommet qui s'ouvrira demain à Alger, ont été clôturés hier, tard dans la soirée, à l'hôtel Hilton. À l'issue de cette réunion marathonienne de quatre séances à huis clos, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, ont annoncé, lors d'un point de presse animé conjointement, les principaux projets de résolutions retenus qui seront soumis à l'approbation du sommet des chefs d'Etat. Les deux conférenciers ont, l'un à la suite de l'autre, évacué diplomatiquement, mais fermement la proposition jordanienne au sujet de la question palestinienne et du conflit arabo-israélien, déclarant tous les deux que “la seule initiative que le Sommet d'Alger aura à examiner reste celle formulée en 2002, lors du Sommet de Beyrouth”. Plus catégorique encore, M. Moussa a déclaré qu' “à aucun moment, durant ces deux jours qu'a duré la réunion des ministres des Affaires étrangères, il n'a été question d'une initiative à ce sujet autre que celle retenue lors du sommet précédent”. Abdelaziz Belkhadem et Amr Moussa laissent entendre, ainsi, que la proposition jordanienne sera, au bout du compte, complètement ignorée par la résolution finale de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères qui constituera le document de travail essentiel lors du sommet des chefs d'Etat. L'initiative jordanienne, rappelons-le, se proposait de dépasser la résolution de Beyrouth en faisant l'impasse sur “les préalables à satisfaire par Israël” afin, disaient ses initiateurs, de “rendre la résolution de Beyrouth plus vendable aux yeux du monde et notamment de l'Occident”. Il faut dire que ce n'est pas tant cet objectif que les ministres arabes des Affaires étrangères ont rejeté, mais plutôt “les concessions sans contre- partie” que la proposition de la Jordanie fait à Israël. Amr Moussa a été, à ce propos, assez explicite. “La résolution de Beyrouth a définitivement assis un principe clair entre les Etats arabes et Israël, à savoir retrait contre retrait, concession contre concession, etc.”, a-t-il déclaré. Quelques heures avant la fin des travaux du conclave, et en réponse à une question de Liberté sur le devenir du plan de paix arabe de 2002, le ministre libyen des Affaires étrangères a répondu qu' “il n'y a rien de nouveau à ce propos”, annonçant ainsi, à l'avance, le consensus auquel sont finalement parvenus les participants à la réunion, à savoir l'irrecevabilité de la proposition jordanienne dans sa mouture initiale. En revanche, l'initiative de Amman semble avoir été prise en considération comme idée pouvant, moyennant quelques amendements, servir comme “un instrument de marketing pour le plan de paix arabe adopté à Beyrouth”. Ces amendements, tels que suggérés par le ministre égyptien des Affaires étrangères, M. Abou Gheidh, dans le hall de l'hôtel Hilton, hier, avant la séance de clôture, ne seraient, tout compte fait, qu' “un remaniement de l'ordre des priorités énumérées dans un texte dont la longueur ne dépasse pas 15 lignes”. C'est ainsi qu'il ne sera pas question de normalisation avec Israël avant son retrait des territoires occupés après 1967, sa reconnaissance de l'Etat palestinien avec pour capitale Jérusalem-Est, et sa reconnaissance du droit de retour pour les réfugiés palestiniens. Ce n'est qu'après cela et l'application de “toutes les résolutions de l'ONU” que les Etats arabes pourraient considérer que “le conflit israélo-arabe a pris fin” et qu'il y aura “la possibilité d'instaurer des relations normales avec Israël dans le cadre de la paix globale”. Lors de leur conférence de presse, MM. Belkhadem et Moussa ont également évoqué les questions relatives à la réforme de la Ligue arabe qui constitueront une partie importante de l'ordre du jour du sommet qui s'ouvrira demain à Alger. F. L.