Djich chaâb, khawa khawa, w Gaïd Salah maa el khawana !» (L'armée et le peuple sont frères et Gaïd Salah est avec les voleurs) ont entonné, hier, des centaines d'étudiants à Oran lors de leur marche hebdomadaire, qui se tient tous les mardis depuis le commencement de la Révolution du sourire. Hier encore, Gaïd Salah était la principale cible des manifestants, qui ont battu le pavé de la place du 1er Novembre jusqu'au siège de la wilaya, en passant par la rue Larbi Ben M'hidi, la place des Victoires, Miramar et le lycée Lotfi. En tête de cortège se trouvaient des étudiants, femmes et hommes tenant l'emblème national, alors que l'autre bout de la procession était constitué d'un carré d'enseignants universitaires, qui tenaient une banderole sur laquelle on pouvait lire : «Non au pouvoir policier, non au pouvoir militaire». D'ailleurs, les étudiants ont abondé dans le sens de cette banderole en en faisant leur principal slogan : «Dawla madania, machi askaria!», avaient-ils crié en chœur tout le long de la rue Larbi Ben M'hidi. «Irhalou !» (Dégagez), «Libérez l'Algérie !» et «La nourid houkm el assker min jadid !» (On ne veut pas encore d'un pouvoir militaire) étaient les autres slogans qui ont trouvé un large écho parmi les manifestants. Pour ce qui est des pancartes, et autres banderoles exhibées hier, on citera en exemple celles-ci : «On ne sera tranquille qu'après avoir coupé la tête du serpent», «Libérez les détenus d'opinion», «Quels que soient vos penchants politiques, veillez à ne pas casser notre union», «I'm very zaafan, not very 3ayan» (Je ne suis pas très fatigué, je suis très en colère). Au siège de la wilaya, une minute de silence a été observée à la mémoire du militant des droits de l'homme Kamel Eddine Fekhar décédé hier et du manifestant Nabil Asfirane, décédé à Alger vendredi dernier à la suite d'un arrêt cardiaque, à la suite de quoi un tifo a été lâché sur le mur en face du siège de la wilaya, où Gaïd Salah, Bensalah et Bédoui en ont pris pour leur grade. Les étudiants se sont ensuite dispersés dans le calme. Pour l'anecdote, hier, tout le long de la manifestation, un vieil homme, manifestement un retraité, a accompagné les étudiants du début de la marche jusqu'à la fin. Un enseignant l'a abordé pour tenter de comprendre les raisons d'une telle solidarité avec les étudiants, et ce, malgré la chaleur et le mois de Ramadhan. La réponse du vieil homme a été cinglante : «Depuis le 22 février, j'ai raté deux vendredis. Je suis là ce mardi pour les remplacer. Je veux payer mes dettes, et absoudre mes deux précédentes absences.»