L'année scolaire tire à sa fin ; il reste encore trois semaines avant que les classes ne ferment. Le compte à rebours a commencé. Les élèves, tous paliers confondus, sont débordés. Et ils paniquent. Non par peur d'échouer parce qu'ils étaient « mauvais » élèves durant l'année scolaire, mais parce qu'ils ont eu, après « deux mois blancs », un trimestre, le dernier, surchargé. Surchargé au point de ne rien assimiler. Trop de matières, trop d'exercices, trop de cours à réviser pour qu'ils puissent affronter, en toute sérénité, les examens de fin d'année. Ceux des classes d'examen sont complètement désarmés. Pour eux, tout est perdu. Certains n'ont même pas envie d'essayer. « Pour moi, cette année est ratée. Je n'arrive plus à suivre la masse de cours dispensés quotidiennement », lâche, désespéré, Yacine, un lycéen d'Alger. L'année scolaire étant fortement perturbée par les grèves cycliques des enseignants, le retard dans les programmes s'est avéré incommensurable, irrattrapable. Ce retard est aggravé par la décision d'avancer les examens de fin d'année. Coupe du monde oblige, le calendrier initial a été revu et corrigé par le ministère de l'Education nationale qui semble davantage se soucier de la participation de l'équipe nationale au Mondial sud-africain que de l'avenir de millions d'élèves dont le parcours scolaire est sérieusement perturbé. Le baccalauréat se déroulera du 6 au 10 juin, alors qu'il devait se tenir du 13 au 17 juin. Les épreuves du Brevet de l'enseignement moyen (BEM) sont programmées du 1er au 3 juin au lieu du 20 au 22 juin. La première session de l'examen de passage du cycle primaire, prévue initialement pour le 9 juin, a été avancée au 27 mai ; la deuxième session se tiendra le 24 juin, au lieu du 29 du même mois. Pour les autres classes, les examens ont déjà commencé, alors que les programmes ne sont pas terminés. L'année scolaire 2009/2010 est loin de la norme requise, à savoir 35 semaines d'études, pour être validée. Mais il n'est pas question pour le ministère d'en faire une année blanche. Le ministère de l'Education nationale avait affirmé en mars dernier que les sujets des épreuves officielles ne seront élaborés que sur la base des programmes didactiques effectifs. C'est-à-dire « ceux qui ont été traités en classe, systématisés, analysés puis soumis aux diverses évaluations formative et évaluative notamment ». Et cela est-il suffisant ? La réponse est non. Des experts en programmes scolaires ont déjà déclaré l'année scolaire « non viable ». Dans les colonnes d'El Watan du 11 mars dernier, Mouloud Harouche, pédagogue et ancien inspecteur de langue arabe, avait prévenu quant à la difficulté de rattraper les retards. Critiquant la méthode employée par le ministère, il avait recommandé à ce dernier de consulter les pédagogues en urgence. « Avec leur aide, on sélectionnera l'essentiel du programme et on le répartira sur le temps d'enseignement qui reste de l'année scolaire. Il y a une inflation de contenu, une surcharge à supprimer. Il s'agit d'un travail à entreprendre avec beaucoup de sérieux dans les plus brefs délais. Pour dégager le contenu le plus important, les pédagogues doivent impérativement relire les programmes. Un travail d'urgence qui nécessite beaucoup de ressources », avait-il souligné. Mais le mal est fait. Le ministère s'est contenté d'assurer que les sujets d'examen ne porteront que sur la partie traitée des programmes. Le reste importe peu ! Pourtant, c'est tout le programme qui doit être assimilé pour qu'un élève ait les connaissances nécessaires lui permettant d'accéder au palier supérieur ou d'obtenir le bac. Il y a des programmes pédagogiques que doivent suivre les élèves de bout en bout pour acquérir les connaissances nécessaires à l'obtention de diplômes valables. « Les élèves se retrouveraient ainsi en manque de connaissances et de savoir par rapport à leur niveau d'études », avait encore précisé M. Harouche. Et le niveau de nos écoliers, juste moyen, va encore baisser. Le naufrage continue…