L'ordre du jour du sommet d'Alger, avec en toile de fond l'initiative arabe de paix, a fait, hier, l'essentiel de la presse écrite dans le monde arabe. Le quotidien saoudien Acharq Al Awsatt, basé à Londres, annonce que les MAE sont parvenus à inscrire à l'ordre du jour du sommet un point appelé « réactiver l'initiative arabe de paix » élaboré, cette fois-ci, par la Palestine. Le point reste viscéralement attaché à l'initiative de paix adoptée à Beyrouth en 2002. Il a été décidé à ce sujet, écrit le journal, la mise en place d'une commission de suivi de cette initiative en vue de la dynamiser sur la scène internationale et de la faire adopter par les organisations internationales. Le projet, relève Acharq Al Awsatt, insiste sur l'appartenance d'El Qods aux Arabes, l'impératif de la création d'un Etat palestinien, le retrait d'Israël des territoires occupés depuis 1967 et le rejet de la politique de colonisation que mène Israël. Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Nacer Qodoua, repris par le journal, indique que la nouvelle formulation du projet est élaborée à la lumière des explications de la Jordanie et se fixe l'objectif de relancer l'initiative arabe de paix. Pour plaider le maintien des principes du sommet de Beyrouth, le ministre juge qu'il serait inacceptable pour que les membres de la Ligue arabe changent leur position sur la paix au fil des jours. LES CONDITIONS SINE QUA NON De son côté, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a révélé, dans les colonnes du journal, que les amendements apportés à la proposition jordanienne ont rétabli l'initiative arabe de paix visant à forcer Israël de se retirer des territoires arabes occupés depuis 1967 et à créer un Etat palestinien avec El Qods comme capitale. Il est stipulé aussi la prise en charge des réfugiés palestiniens. Ce sont là, précise M. Belkhadem, des conditions sine qua non avant de procéder à toute normalisation avec Israël. Le ministre algérien souligne que le projet de paix ne sera guère une offre gratuite, dès lors qu'Israël est appelé à satisfaire concrètement les doléances des Arabes exprimées au sommet de Beyrouth. Le journal s'est également référé aux déclarations du ministre jordanien des Affaires étrangères, Hani Molki, qui a suggéré aux Arabes de faire le marketing à leur initiative. M. Molki avoue que la Jordanie fait, d'ores et déjà, partie de la commission chargée d'expliquer l'initiative arabe à l'opinion internationale. Le ministre nie que la proposition de son pays ait subi un amendement en affirmant qu'il ne s'agit que de quelques ajouts à la proposition jordanienne. L'approche de l'initiative, explique M. Molki, repose sur l'application par Israël de toutes les résolutions internationales et son engagement à respecter le principe de la terre contre la paix. Le ministre ajoute qu'Israël doit se soumettre au processus de Madrid et s'impliquer dans l'instauration d'une paix juste et globale au Moyen-Orient. Après quoi, dira-t-il, les pays arabes peuvent normaliser leurs relations avec Israël. M. Molki annonce que la Jordanie souhaite vivement que la déclaration finale du sommet adopte la proposition jordanienne. Par ailleurs, Acharq Al Awsatt, indique, en se référant au secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Heli, que trois points sont inscrits à l'ordre du jour pour soutenir le Liban et la Syrie. Plus explicite, M. Ben Heli précise que le conseil des MAE a adopté une résolution de soutien au Liban, une autre résolution en faveur de la Syrie pour récupérer ses territoires occupés et une résolution pour condamner les mesures unilatérales menées par les Etats-Unis contre la Syrie. Pour sa part, le SG de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré, après une entrevue avec M. Bouteflika, que l'Algérie fixe comme priorités du sommet, « la réconciliation arabe », la réforme de la ligue, mais aussi de la région arabe. « Le projet de résolution des MAE » Par ailleurs, des sources diplomatiques ont déclaré, selon le journal, que les ministres arabes ont exprimé leur soutien aux efforts déployés par l'Egypte pour accéder au Conseil de sécurité. En Egypte justement, le journal Al Ahram parle carrément de projet de résolution des MAE pour soutenir l'Egypte à devenir membre permanent du Conseil de sécurité. Al Ahram révèle, d'autre part, qu'aucun rapport n'a été présenté par Amr Moussa sur l'état d'application des résolutions du sommet de Tunis. L'ordre du jour se penchera, cite le journal, sur le processus de paix arabo-israélien, la situation en Irak et au Soudan et la réforme de la Ligue arabe, mais également sur la vision des Arabes quant à la réforme de l'ONU. Al Ahram ajoute que la déclaration finale va saluer l'évolution de la situation politique en Irak et se féliciter de l'accord de paix au Soudan. Le journal libanais Al Moustaqbal annonce, quant à lui, que la question concernant le Liban et la Syrie n'est pas inscrite à l'ordre du jour des travaux d'Alger. Les deux pays, explique le quotidien, considèrent cette question comme un problème bilatéral. Le journal reprend également les déclarations du vice-ministre syrien des Affaires étrangères qui a annoncé que « le retrait total de la Syrie du Liban sera tranché durant la première semaine d'avril ». Les MAE ont décidé, note Al Moustaqbal, de rendre hommage à Rafic Hariri dans la déclaration finale du sommet en demandant de diligenter une enquête transparente et dans les meilleurs délais sur son assassinat.