- Belkhadem : “On s'en tient aux résolutions de 2002”/metricconverter / - La feuille de route jordanienne relative à la normalisation avec Israël a suscité la polémique -Le président français, Jacques Chirac, s'est entretenu hier avec le chef de l'Etat au sujet de l'ordre du jour du sommet, dont le dossier israélo-arabe. Les dirigeants arabes sont au pied du mur. Ce qui ne devait être jusque-là qu'un point facultatif à l'ordre du jour du Sommet de la Ligue arabe, à savoir la normalisation avec Israël, est devenu le nœud gordien de ce rendez-vous. Tout indique que la suggestion jordanienne en ce sens a été faite à dessein. La défection de dernière minute “pour des engagements déjà pris” du roi Abdallah, alors qu'il avait assuré le 7 mars dernier être présent à cet important Sommet d'Alger, confirme cette hypothèse. Cette absence a été confirmée par le ministre jordanien dans la capitale algérienne qui a affirmé que : “Le roi Abdallah II a pris un engagement depuis cinq mois avec 1 000 investisseurs aux Etats-Unis et par conséquent il ne participera pas au Sommet arabe d'Alger.” La délégation jordanienne aura à sa tête le Chef du gouvernement, Fayçal Al-Fayez. La proposition de résolution a été accueillie avec beaucoup de joie à Tel-Aviv. Shimon Peres, le vice-Premier ministre israélien, s'est réjoui de l'initiative jordanienne. Il n'a pas manqué d'en remercier Amman indirectement. “On a souvent dit que la Jordanie ne pouvait pas être la première à prendre d'initiative, cette fois-ci, elle a prouvé le contraire”, a-t-il notamment déclaré. Peres met la pression, pour sa part, sur les chefs d'Etat arabes en déclarant : “La Ligue arabe doit décider si elle est une ligue pour la paix, ou pour la poursuite du conflit”. De son côté, Hani Moulki, le ministre jordanien des Affaires étrangères, s'est félicité d'avoir réussi à réactiver le plan de paix arabe avec Israël adopté lors du sommet de Beyrouth en 2002. Il ne dit cependant pas que sur l'ensemble du contenu de ce plan, il s'est chargé de mettre à jour uniquement le point favorable à Israël. Dans la suggestion jordanienne, il est question de l'établissement de “relations normales entre les pays arabes et Israël au cas où une paix juste et durable serait réalisée sur la base des résolutions internationales et le principe de la terre contre la paix et les références de la conférence de Madrid”. Il y a lieu de relever que Tel-Aviv continue à tergiverser et n'a fait aucun pas réel pour la concrétisation d'une paix juste et durable, tel que exigé par la résolution du sommet de Beyrouth en 2002. Il faut savoir qu'à l'époque l'Etat hébreu avait rejeté cette proposition, présentée par le prince héritier saoudien Abdallah. Par sa démarche, Amman engage l'ensemble du monde arabe avec elle, si l'on se fie à la déclaration de son ministre des Affaires étrangères qui dit que le projet de résolution stipule “l'engagement des pays arabes dans la sécurité et la stabilité au Proche-Orient, sur la base du plan arabe de paix et la disposition des pays arabes à mettre fin au conflit arabo-israélien”. Moulki conclura : “Le fond est resté inchangé et l'objectif a été atteint. Nous voulions réactiver un plan de paix qui est resté lettre morte depuis son adoption et nous avons réussi”. Mais, la proposition n'a pas fait l'unanimité, d'où les réserves formulées par certains chefs de la diplomatie arabe, qui ont insisté pour que “les revendications arabes soient réaffirmées en détail afin d'éviter toute confusion et que la résolution de Beyrouth soit maintenue”. En téléphonant hier à Bouteflika pour “faire un tour d'horizon des questions à l'ordre du jour du sommet”, le président français, Jacques Chirac, avait évoqué selon le communiqué de l'Elysée, la normalisation israélo-arabe. Par ailleurs, l'adjoint de Ariel Sharon a affirmé avoir reçu une invitation officielle du souverain marocain Mohammed VI, pour une visite au Maroc le mois prochain. Selon des officiels israéliens, il s'agit d'un premier pas dans le cadre d'une normalisation entre les deux pays. Il faut savoir que 10% de la population israélienne, soit 500 000 habitants sont des immigrants marocains ou leurs descendants. En outre, le président tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali, a réaffirmé samedi dernier l'attachement de son pays à abriter la 2e phase du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), prévue en novembre prochain, en dépit de la vague de protestation provoquée par l'annonce de la participation du Premier ministre israélien Ariel Sharon. Alors une question : les jeux sont-ils faits à la veille du Sommet d'Alger, qui revêt une importance capitale pour l'avenir du monde arabe, appelé à s'adapter aux nouvelles exigences internationales ? K. A.