La presse écrite dans les pays arabes a consacré, hier, une grande partie de ses colonnes aux différentes lectures sécrétées par la proposition jordanienne de paix qui pèsera, sans doute, sur la réunion des ministres des Affaires étrangères arabes. Le point nodal de la réunion des MAE arabes est, selon le journal libanais El Hayet, implanté à Londres, la proposition jordanienne appelée « Initiative du roi Abdellah ». Faisant une analyse de cette initiative, El Hayet indique que la tergiversation d'Israël à accompagner l'initiative arabe de paix, proposée par l'émir saoudien Abdellah lors du sommet de Beyrouth en 2000, nécessite des amendements pour propulser le processus de paix dans la région. Tout en qualifiant la proposition jordanienne de « concise », El Hayet souligne que cette initiative a soulevé des questionnements quant au respect des constantes arabes et palestiniennes et sur l'intérêt pour les Arabes de faire d'autres concessions à Israël. El Hayet a tenu à reprendre la réaction de Abdelkader Hadjar, représentant de l'Algérie auprès de la Ligue arabe, qui a avoué « l'existence de divergences sur cette propositions ». Pour apaiser la tension, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, considère que cette proposition n'est qu'un avant-projet de résolution. Selon El Hayet, à la question de la normalisation sans contrepartie, comme « posée par la feuille jordanienne », Amr Moussa a répondu que la normalisation avec Israël reste conditionnée comme stipulé à Beyrouth. Le journal, qui révèle détenir une copie de la proposition jordanienne, fait remarquer que des points essentiels dont le statut d'El Qods, le droit du retour aux réfugiés palestiniens et le traçage définitif des frontières et des colonies ont été évacués dans cette initiative. Ainsi, El Hayet, se référant à une source diplomatique arabe, annonce que l'opposition farouche à cette initiative est venue de la part de la Palestine, de la Syrie et du Liban. L'Algérie, écrit le quotidien, n'a toujours pas exprimé sa position. Revenant sur la réunion, jeudi dernier, des représentants permanents auprès de la Ligue arabe, le journal souligne que les participants ont adopté le principe de changer le mécanisme de vote au sein de la ligue en préconisant l'option du consensus et, le cas échéant, un vote à majorité fixée à deux tiers pour des questions politiques de grande importance. Il a été également suggéré la création d'un Parlement arabe provisoire à raison de quatre députés pour chaque pays. Pour sa part, le quotidien indépendant jordanien Ed Doustour, après avoir annoncé que le prochain sommet se tiendra à Khartoum, reprend de larges extraits du ministre des Affaires étrangères de la Jordanie, Hani Molqui, pour défendre subtilement l'initiative de son pays. Selon le ministre, l'avant-projet jordanien ne comporte aucun amendement à l'initiative de Beyrouth et « la Jordanie n'a proposé aucun autre projet ». Hani Molqui précise que la Jordanie ne demande que des explications de l'initiative de 2000 pour, justement, la dynamiser. Le ministre confirme que les principes de l'initiative de paix arabe restent intouchables, à savoir le retrait d'Israël des territoires occupés, un règlement juste au problème des réfugiés et le renforcement du processus de paix en vertu du droit international et du traité de Madrid. En clair, écrit Ed Doustour, la Jordanie appelle à une relecture du plan de Beyrouth. En Palestine, le quotidien El Qods s'est référé aux déclarations de Farouk Kadoumi, président de la délégation palestinienne à Alger. Kadoumi, qui indique les défis que doivent affronter les pays arabes, appelle à une prise de position commune et unifiée. Il a affirmé également que les atermoiements d'Israël dans la mise en œuvre du plan de paix exigent une pression internationale pour la soumettre aux résolutions de l'ONU et à l'initiative de Beyrouth. Kadoumi juge, par ailleurs, que la situation en Irak ainsi que les réformes dans le monde arabe demandent des réponses urgentes et claires de la part des dirigeants arabes.Pour le journal saoudien Ech Charq El Aoussett, trois questions cruciales seront débattues par les MAE arabes et auxquelles trouver des réponses convergentes n'est guère une tâche aisée. Il s'agit de l'initiative jordanienne de paix, du projet palestinien stipulant la protection des civils israéliens et le retour à la trêve de 1949 et de la vision de l'Algérie sur les réformes de la Ligue arabe. C'est dire que le menu du sommet de la Ligue arabe n'a jamais été aussi consistant.