La maison brûle ? Le pouvoir regarde ailleurs. C'est du moins l'impression que semble donner le gouvernement Bouteflika qui, au terme d'un Conseil des ministres, attendu depuis de longs mois, a finalement préféré expédier des affaires courantes sans réel impact sur le cours des événements ambiants. Il s'agit en effet d'un premier conseil depuis six mois. Rien que cela. Ainsi, c'est toute la vie politique nationale qui est plombée. Avec un tel niveau d'activité, on ne peut plus lent, l'Algérie renvoie l'image d'un pays coincé dans l'engrenage de l'inaction et de l'immobilisme propre à ceux dont la volonté est fondamentalement minée par un manque de consensus sur la direction et la conduite à imprimer aux réformes de fond. Quelles soient politiques, économiques ou sociales, ces réformes dont il est aisé de constater l'inaboutissement en dépit des longs discours pompeux de l'Exécutif sont en effet aujourd'hui la fidèle traduction des cris de détresse qui fusent de partout dans la société. Marasme social qui se traduit par des grèves cycliques et permanentes dans les divers secteurs de la santé, de l'éducation comme dans le secteur de l'économie. Déconfiture économique pour autant qu'il ne se passe pas une semaine sans que l'opinion ne se rende compte des dossiers de corruption qui saignent notre économie, alors que les besoins de développement sont criants. Point de changement donc de cette politique qui a permis de conduire le pays à une situation pour le moins inconfortable à la limite de la non-gestion. Ni encore de remaniement ministériel présentement sur lequel les plus optimistes ont osé fonder leurs espoirs de sortie de crise, qui couve du reste au rythme de scandales en cascade. Il se passa pourtant que l'on sache comme si tout était suspendu à ce rendez-vous dans l'espoir de voir le chef de l'Etat opérer des changements, voire même des bouleversements profonds dans l'équipe dirigeante. Mais, résultat des courses, force est de constater que l'Exécutif s'est contenté d'entériner des projets de loi qui, pendant longtemps, ont été oubliés dans les tiroirs de l'administration. Sont adoptés les projet de loi sur le foncier agricole dont, certes, l'enjeu n'est pas des moindres en ces temps de prédation à tout-va. Celui lié aux dispositifs de l'emploi, au code maritime, au marché de gré à gré dont il convient de citer tout l'intérêt qu'il revêt en ce moment du fait du lien qu'il a avec les affaires de corruption dans la passation des marchés publics. Ainsi, enfin, le projet de loi lié au contrôle des prix des produits sensibles. Il s'agit là en effet d'un des points d'Achille de l'Etat qui a failli dans une de ses missions fondamentales, à savoir la régulation. L'Etat s'est trouvé en de nombreuses fois, pieds et poings liés, à chaque fois qu'il s'est agi de faire face à la spéculation sur les prix de produits, notamment de large consommation. Mais dans le fond, le gouvernement a donné l'impression d'un Exécutif qui ne capte pas les attentes politique, économique et sociale des Algériens. Le fossé semble se creuser davantage entre le sommet et la base. Alors que le pays sombre dans une crise qui n'a épargné aucun secteur d'activité, le chef de l'Etat n'a pas daigné procéder à des révisions déchirantes. Depuis l'élection de Bouteflika pour un troisième mandat présidentiel – un mandat de l'Algérie forte et sereine – le pays vogue au gré des forces spontanées d'un Exécutif qui ne laisse s'échapper aucune lisibilité.