Cinq photographes, dont un Malgache, ont traversé l'Afrique pour se rendre à Madagascar dans un but commun : construire une école écologique, la Madagascar Green School. Intitulée «Cœurs malgaches», l'exposition de leurs clichés est visible à la galerie Ezzou'art jusqu'au 3 juillet. La galerie Ezzou'art abrite une exposition forte en émotion. D'ailleurs, presque tous les murs de la galerie sont tapissés de photos d'enfants. Les clichés sont pris par des photographes professionnels qui ont fait le voyage jusqu'à l'île de Madagascar afin de capturer l'essence même de la réalité malgache. Le concept réunit cinq photographes volontaires, en l'occurrence Amine Meloua, Lamine Benlamara, Amine Bouabellou, Ryma Bouguenoun (de son nom d'artiste «La Rime») et le Malgache Royal Chan Lehibe. «Voir ces visages, ces sourires et ces regards d'enfants est nous a marqués. Il était primordial, pour nous, de faire partager au monde ce qu'on a vécu là-bas. C'était une aventure de pur bonheur, on a pu apprécier une vie simple», révèle Ryma Bouguenoun. L'initiative de cette exposition a été prise dans un but précis : réaliser le projet «Madagascar Green School», la première école écologique d'Afrique. A ce jour sur le continent, il n'y a pourtant que des constructions et des villages respectueux de l'environnement. Si le projet se concrétise, il sera le troisième du genre et surtout dans le monde. En effet, le projet est parti d'une petite communauté de voyageurs sur les réseaux sociaux notamment sur Instagram et Facebook. L'une d'entre elles était déjà en contact avec un certain Igino, un écologiste d'origine malgache qui faisait une formation à la première Green School (école écologique), à Bali. «Il lui a justement confié qu'il souhaitait créer une école écologique et était à la recherche d'une aide bénévole afin de concrétiser son rêve», raconte Ryma Bouguenoun. Beaucoup ont répondu à l'appel au volontariat de l'écologiste Igino. Au final, par manque de temps, ils étaient neuf volontaires décidés à partir par leurs propres moyens. Aventure «Nous sommes partis sur un coup de tête, du jour au lendemain. On a fait un périple de deux jours pour arriver à Madagascar», ajoute Ryma. Partir à l'autre bout de l'Afrique, traverser l'océan Indien pour se rendre dans un pays inconnu, qui plus est le faire avec un groupe dont les membre ne se connaissent pas est impressionnant. La seule chose connue, c'est que les voyageurs étaient accueillis chez Igino, l'écologiste. C'est dans le village de Foulpointe, situé dans la province de Taomasina, que l'expérience humanitaire de ces photographes a commencé. Un pays certes magnifique, malheureusement la pauvreté est présente à un niveau très élevé. D'ailleurs, leur hôte Igino les avait prévenus qu'ils n'allaient pas trouver le luxe. Cela dit, on peut vivre heureux avec peu de moyens. Présente à la galerie Ezzou'art, Ryma relate quelle est agréablement surprise par son aventure. Pour Lamine Benlamara, photographe bénévole, c'est une expérience merveilleuse. «J'ai été épaté en arrivant sur les lieux, particulièrement de la simplicité des Malgaches. Connaissant les conditions de vie modestes pour ne pas dire pauvres, les villageois sont accueillants et très chaleureux. J'ai été très touché», précise-t-il. Durant le séjour, il ne passait pas un instant sans entendre le clic de l'appareil photo. La plupart des clichés ont été pris à Foulpointe, car c'est à cet endroit où les bénévoles étaient installés. On peut estimer l'étendue de leur travail à plus de 1000 clichés par photographe. Le choix des clichés se faisait selon l'inspiration des photographes. Pour «La Rime», c'est la première fois qu'elle se permettait de prendre autant de portraits, car en Algérie, il est difficile d'en faire vu la susceptibilité des gens. Pour l'un de ses portraits par exemple, elle explique qu'elle ne pouvait détacher son regard de celui de la petite fille. «Je l'ai trouvé si belle, avec des yeux magnifiques. Elle avait quelque chose dans les yeux qu'il fallait que je mémorise le moment», explique Ryma. Lamine Benlamara évoque également une fillette, juchée sur une motocyclette avec sa mère : «Elle était assise dans une sorte de tabouret accroché à la motocyclette, et ses yeux brillants m'ont particulièrement touchés.» Dons et projets Les bénévoles ne sont pas allé à Madagascar les mains vides, ils étaient à la limite de l'excédent de bagages. Dans les 45 kilos autorisés par la compagnie aérienne, des dons récoltés par les Algériens pour les villageois de Foulpointe. Des produits pharmaceutiques, des livres, du matériel scolaire… Par ailleurs, les voyageurs-volontaires ont élaboré un programme riche en activités et enquêtes qu'ils entreprirent dès leur arrivée. Les photographes ont notamment rencontrés l'ambassadeur d'Algérie à Madagascar, sont passés dans une radio locale, ont écrit un article dans un magazine malgache, ont convié le maire de Foulpointe et organisé plusieurs évènements écologiques, et ce, dans l'unique objectif de réunir toutes les informations afin de mener à bien leur projet. «On sortait en groupe, chaque bénévole avait un Malgache en guise de guide et de traducteur. On faisait des sondages auprès des habitants de Foulpointe», exprime Lamine Benlamara. Ce qu'il est important de préciser au sujet de la «Madagascar Green School», c'est que le système éducatif ne sera pas traditionnel. Tout le programme sera dirigé vers ce qui touche l'écologie environnementale et comprendra également des formations aux métiers dont les Malgaches ont besoin. Les villageois malgaches ont été questionnés sur le type de formations recherchées, leurs voeux ne sont pas irréalisables ; bien au contraire, ils sont raisonnables et même réfléchis. C'est non pas astronaute ou pilote à quoi ils aspirent mais plutôt aux métiers dans les secteurs de la pêche, du tissage, de l'élevage, ou encore à l'apprentissage des langues étrangères afin de pouvoir communiquer avec les touristes. Car mis à part le malgache, la langue nationale, la langue française est comprise et parlée. Mais, dès que nous nous écartons de la capitale pour aller vers les villages, il est de plus en plus difficile de se faire comprendre ; un traducteur est donc nécessaire. C'est pour cela qu'une école de ce type va les aider à ancrer les principes et les valeurs écologiques chez comme par exemple le tri sélectif, mais aussi permettre de scolariser davantage d'enfants. Dans les écoles publiques, on compte plus de 70 élèves par classe. Cette surcharge a toutefois une explication : le nombre d'enfants est tellement important et le nombre de classes et d'écoles est tout simplement insuffisant. En outre, afin de rentabiliser l'école pour offrir la meilleure forme d'éducation aux enfants, il y aura des conférences et un terrain de camping pour faire de l'éco-tourisme.