La tension est montée à Alger, aujourd'hui, 19e vendredi de la révolution pacifique pour le changement du système. Après les interpellations de manifestants durant la matinée, les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogène qui a failli causer l'irréparable parmi les marcheurs vulnérables, les personnes âgées et les enfants. 14h à la rue Hassiba Benbouali. Des cortèges de manifestants convergent vers le centre de la ville. Arrivés devant la place de la liberté de la presse, la situation a frôlé l'affrontement entre un groupe de jeunes manifestants et un peloton de policiers. Il a fallu l'intervention des « sages » des deux côtés pour apaiser la situation. La foule poursuit sa chemin en scandant « Algérie libre et démocratique et « Etat civil, non militaire ». 14h45. Le centre de la Capitale, de la rue Didouche jusqu'à la grande poste et toutes les ruelles avoisinantes, étaient occupées par une foule impressionnante de manifestants, sous un soleil accablant. Les marcheurs avançaient difficilement. Et pour cause la présence excessive des véhicules de police qui ont occupé les trottoirs et une large partie de la chaussée. Karim Tabbou, entouré d'une grande foule chantait « Ya biladi (ô mon pays) » au moment où un groupe de « Badissia novembriste » arrive sur les lieux en provenance de la rue Pasteur, criant « Mazal Khaled Nezzar ». A quelques mètres de là, à proximité de la grande poste, la foule compacte, prise en sandwich entre les véhicules de police, avance difficilement. Les cris « libérez nos frères (détenus arrêtés pour port du drapeau amazigh », « Etat civil, non militaire » et « Pouvoir assassin », fusent de partout. Soudain, l'odeur asphyxiante du gaz lacrymogène envahit les lieux provoquant un mouvement de foule. Des vieillards et des enfants ont failli être piétinés. Comme chaque vendredi, les manifestants ont exprimé leurs opinions et revendication variées, parfois contradictoires, sur des pancartes : « l'intervention de l'armée dans la politique et dans la justice est la cause de la corruption », « Yetnahaw ga3 (il faut qu'il dégagent tous) », « liberté pour les innocents, l'identité amazigh = identité algérienne ». On peut lire aussi sur les pancartes : « Depuis quand le loup est devenu berger ? » ou encore « le système corrompu continue à traiter le peuple comme un enfant ». C'est devenu un rituel des marches. Le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaid Salah, a été la cible de slogans des plus virulents. 15h15, des manifestants, venus du boulevard Amirouche arrivent à proximité du jardin Sofia avec 48 drapeaux attachés les uns aux autres et sur lesquels ils avaient inscrit les noms des 48 wilayas du pays. Le geste a été accueilli avec des applaudissements nourris et les cris de « Vive l'Algérie ». Les marcheurs ont commencé à se disperser à partir de 16h00. Sur de nombreux visages, le sourire des premières marches a laissé place au dépit et à la colère. Un autre message destiné à ceux qui détiennent le pouvoir en Algérie. #Alger ce matin : » Nous refusons le pouvoir de l'armée » pic.twitter.com/oF8iWIvjnH — elwatan.com (@elwatancom) 28 juin 2019