Les parents d'Anaïs ne trouvent pas le sommeil depuis 15 ans, depuis la naissance de leur fille qui souffre d'une insuffisance motrice cérébrale (IMC). Ils doivent continuellement être à ses côtés, dormant à tour de rôle. Il faut la masser fréquemment, sinon Anaïs risque un arrêt cardiaque ou d'étouffer sous l'effet d'un encombrement bronchique. Il faut aussi lui changer de couches plusieurs fois. Elle fait des infections dermatologiques répétées. Anaïs mesure 80 cm et pèse 5 kg. Totalement paralysée, elle garde le lit depuis 15 ans. Sa colonne vertébrale et son bassin sont désaxés. Elle ne parle pas et n'avale que des aliments liquéfiés. Une tétée prend quatre heures. Pourtant, Anaïs montre qu'elle existe. Ses yeux et sa bouche disent qu'elle comprend les choses. Contente, elle sourit. Contrariée, un râle accompagne une grimace. Dès qu'elle entend le chahut à la sortie des classes, elle fond en larmes. On comprend son dépit. Les parents ont sacrifié toute sortie. La maman, deux fois opérée, « craque souvent ». Matériellement, c'est dur. Omar, le père, est surveillant dans un lycée à Béjaïa. Il a emprunté pour acheter une poussette nécessaire pour transporter sa fille chez le kinésithérapeute, à l'hôpital et, tous les 15 jours, chez son médecin traitant à Sétif. Sa paie est engloutie par les taxis car Anaïs ne peut voyager par bus. Les médecins préconisent une opération et un suivi à l'étranger. Omar vient de prendre attache avec la fédération des handicapés IMC de Ben Aknoun, le chef du gouvernement, l'Unicef… Désemparé, il lance aussi un appel aux chancelleries étrangères.