Lors du 22e rassemblement des Algériens de Paris, les discussions ont porté essentiellement sur le rôle jugé de «plus en plus néfaste» de Gaïd Salah, qui veut à tout prix faire élire un Président contre la volonté du peuple. Pour les manifestants, l'actuel pouvoir, en s'alliant avec les islamistes qui ont déjà soutenu Bouteflika et certaines personnalités politiques, veut briser le hirak. A Paris, le 22e dimanche de rassemblement de la diaspora algérienne n'a pas drainé beaucoup de monde. Sans doute à cause des vacances ou des divisions qui semblent, de plus en plus, apparaître au niveau des organisateurs. Mais toujours est-il que les débats et les échanges entre les participants étaient intéressants. Ils ont porté sur l'avenir du hirak en Algérie, alors que le pouvoir militaire, à sa tête Gaïd Salah, a augmenté le niveau de la répression à l'égard des manifestants. «Gaïd Salah veut nous faire revenir au temps de Boumediène et de Brejnev. Il pense que nous sommes dans les années 1970 en voulant nous imposer sa solution, à savoir l'élection d'un Président avec l'aide des partis islamo-baathistes», estime un citoyen d'une cinquantaine d'années. Et d'ajouter : «Le peuple se doit de rester uni devant toutes les tentatives de provocation et de division que les généraux sont en train de mener», faisant, au passage, la différence entre «les simples militaires qui sont tous des enfants du peuple et les quelques généraux et hauts gradés qui font tout pour bloquer le changement, car ils savent que demain ne leur appartient pas». Inquiet sur la suite des événements, un autre participant a estimé que «le peuple algérien joue actuellement tout son avenir». «Soit on reste unis et on lutte pour qu'une nouvelle Algérie naisse, avec tout ce que cela suppose comme institutions démocratiques et véritablement élues, soit nous aurons le diktat des militaires pour plusieurs années encore, d'autant plus qu'ils sont soutenus par tous les pays, y compris la France qui ne veut pas que les choses changent en Algérie.» De nombreuses banderoles ont été accrochées sur des arbres et des grillages, demandant la libération de tous les détenus politiques. Une activiste dans un réseau de lutte pour leur libération a estimé le nombre d'emprisonnés politiques arrêtés depuis le 22 février dernier à environ 50 personnes. «Nous ne savons pas pourquoi ils ont été arrêtés et pour quels griefs», a estimé Amina, une jeune militante qui veut mobiliser des avocats et des intellectuels algériens en France en vue d'alerter la communauté internationale quant au sort de ces détenus politiques. Un autre habitué des rassemblements s'est demandé comment un régime qui voit défiler, chaque vendredi, des millions d'Algériens ne veut pas accepter de partir et répondre à la volonté du peuple. Il a enchaîné : «Ni la France ni aucun autre pays d'Europe ou d'Amérique ne veulent que la démocratie l'emporte en Algérie. Car ils savent que ce sera la fin de leurs privilèges et de toutes les largesses économiques et financières qu'ils ont toujours eues avec le régime algérien corrompu.» Il a appelé à élever le niveau de la contestation, en observant par exemple des grèves de longue durée dans le secteur pétrolier, car «ce n'est que comme ça que les tenants du pouvoir et les généraux accepteront de dialoguer. Il faut les frapper à leurs portefeuilles et tarir les sources qui leur permettent de s'enrichir illégalement».