Alger est une ville polluée. C'est le constat fait, hier, par M. Messaoud Tibani, le directeur de l'environnement de la wilaya d'Alger lors de son intervention au deuxième jour de la session de l'APW. La concentration des habitations et la vétusté d'une bonne partie, le développement rapide du tissu urbanistique, le manque de centre de traitement de déchet, la quasi-inexistence des espaces verts, les déversements anarchiques des déchets, les montagnes d'ordures entassées dans plusieurs quartiers de la capitale, les oueds non traités, le trafic automobile, les ports encrassés, les terres infectées par divers produits chimiques, les eaux usées … auxquels s'ajoutent le manque de civisme des citoyens et l'insouciance des entreprises industrielles, sont la composante du lot constituant les vecteurs de pollution portant atteinte à l'environnement et par voix de conséquence à la santé des citoyens. C'est ce qui ressort de la communication présentée par M. Tibani. Il y a lieu de déduire que la situation est alarmante et nécessite la mise en œuvre d'un plan d'urgence. Selon le directeur, les agents de l'environnement déployés sur le terrain ont établi 412 procès-verbaux à l'encontre de 3150 entreprises ayant émis des produits toxiques polluants. Appliquant le principe du pollueur payeur et les textes relatifs à la fiscalité écologique imposée par le département de Cherif Rahmani, la somme collectée dans ce cadre durant l'exercice en cours est de l'ordre de 64 millions de dinars, contre 60 millions enregistrés en 2008. M. Tibani a affirmé que les équipes de prévention travaillent d'arrache-pied sur le terrain pour justement contrer les pollueurs. Il soulignera, toutefois, que leur effort restera sans effet sans la sensibilisation des citoyens et l'implication du mouvement associatif. Il a fait savoir dans ce cadre que sur les 148 associations agréées, seulement 12 sont actives. Pour ce qui est du plan d'action de la direction d'Alger, le directeur a informé qu'un travail est en cours pour le recensement des entreprises polluantes situées au niveau des zones industrielles afin de les obliger à signer des contrats de performance d'une durée de trois ans renouvelable et de recruter des délégués de l'environnement. Faute de quoi, des sanctions leur seront infligées. Outre cela, le directeur a indiqué que dans le cadre du traitement des déchets solides, un plan d'urgence d'une valeur de 22 millions de dinars a été dégagé pour couvrir les 57 communes de la capitale. Des projets sont en cours de réalisation, souligne le même responsable qui cite à titre d'exemple la réhabilitation de la décharge publique de Oued Smar par une entreprise étrangère, la réalisation de plusieurs centres d'enfouissement et d'incinération des déchets spéciaux - tels ceux générés par les hôpitaux - dont un à Bordj El Kiffan et l'autre à Mahelma. Il est prévu également la mise en opération de trois stations d'épuration des déchets ménagers liquides à Réghaïa, Baraki et Beni Messous en plus de l'établissement de 47 cartes techniques sur les plages. NET-COM : « NOUS SOUFFRONS D'UN MANQUE FINANCIER » Prenant la parole, le directeur de l'entreprise de nettoyage des communes NET-COM a souligné que le volume des déchets ramassés lors de cette année s'élève à 900. 000 tonnes contre 656. 000 en 2008, déplorant au passage les agissements de certains citoyens qui ne respectent pas les horaires fixés pour le dépôt des ordures. «Nous intervenons trois à cinq fois par jour», souligne-t-il. Il a fait remarquer que l'entreprise s'est dotée de nouveaux équipements et détient actuellement 212 camions. «Nous avons besoin de 64 autres camions bennes-tasseuses pour pouvoir améliorer nos prestations de service en termes de quantité et de qualité. Mais notre problème reste celui de ressources financières», dit-il avant de préciser que NET-COM, compte huit unités, couvre seulement 23 communes de la wilaya. En perspective, cette entreprise compte créer bientôt son école de nettoyage pour la formation de ses agents et le recrutement de 700 jeunes demandeurs d'emploi.