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Réponse incisive de Mahrez, comme son coup franc, et leçon de tolérance Aux déclarations belliqueuses du RN à l'adresse des supporters de l'équipe nationale algérienne
«Ce coup franc est pour toi…On est ensemble». La réponse à l'hostilité du Rassemblement national face aux manifestations de joie des supporters de l'équipe nationale est venue de Riyad Mahrez. L'emblème national brandi par des Algériens et des Franco-Algériens en liesse provoque à chaque fois des réactions hostiles et des polémiques virulentes de la part de l'extrême droite française. Les manifestations bruyantes et joyeuses des supporters de l'équipe algérienne de football sont l'occasion d'un florilège de déclarations et de surenchères politiciennes. C'est le cas une fois de plus à la suite des victoires de l'équipe nationale en quart de finale et, dimanche soir, en demi-finale face au Nigeria. Au point où un élu du Rassemblement national, Julien Odoul (président du groupe au Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté), souhaitait la victoire du Nigeria «pour empêcher la poursuite des violences et des pillages, pour éviter la marée de drapeaux algériens, pour préserver notre fête nationale», après les incidents qui avaient suivi la victoire algérienne en quart de finale jeudi dernier. Déclaration à laquelle Riyad Mahrez, auteur du coup franc qui a qualifié l'Algérie en finale de la Coupe d'Afrique des nations dimanche soir, a répondu sur Twitter : «Le coup franc était pour toi», avec des émoji moqueurs, et «On est ensemble», avec des drapeaux de la France et de l'Algérie. Un message massivement partagé en seulement quelques minutes. Le RN avait demandé vendredi dernier, suite à des dégradations en marge de la célébration de la qualification, la veille, des Fennecs en demi-finale de la CAN, d'interdire les Champs-Elysées aux supporters algériens. «Tout doit être mis en œuvre pour éviter à la France (…) une véritable humiliation nationale», écrivait le parti de Marine Le Pen dans son communiqué. Selon le RN, le drapeau algérien doit aussi être interdit «au nom de l'ordre public». Pour le parti d'extrême-droite, «loin de n'être que des manifestations de joie de simples amateurs de football (…), il s'agit de véritables démonstrations de force dont l'objectif est de signifier ostensiblement une présence massive et un rejet de la France». Certes, les actes de dégradation et de pillage dont se seraient rendus coupables des supporters ou des casseurs infiltrés sont condamnables, à condamner et leurs auteurs à sanctionner, mais les Algériens ou les Français d'origine algérienne n'ont-ils pas la latitude d'exprimer leur joie, de célébrer l'équipe nationale algérienne, dans le civisme et le respect du bien et de l'ordre public ? Les réactions d'hostilité auraient-elles été les mêmes s'il s'agissait d'une autre équipe étrangère célébrée en France, européenne par exemple ? Un binational, en l'occurrence franco-algérien, ne peut-il supporter deux équipes, l'équipe de France et celle d'Algérie, et les aimer toutes les deux ? Comme le sous-entend le tweet de Mahrez, lui qui est né à Sarcelles, ou comme l'a affirmé ce jeune supporter sur France 24 : «On a fait la fête quand l'équipe de France a été championne du monde et ce soir c'est pour l'Algérie.» Soutenir l'équipe du pays d'origine de ses parents est-ce un manque d'intégration, comme le déclare Robert Ménard ? Le maire de Béziers a «déploré» sur Twitter «la liesse et le désordre qui ont eu lieu à l'occasion de la victoire de l'Algérie lors de la Coupe d'Afrique des nations» suite à la victoire en quarts de finale sur la Guinée. «Un fait symptomatique selon lui de la déconnexion entre la France et la jeunesse issue de l'immigration», rapporte le journal de droite Valeurs actuelles. Explosion de joie Des milliers de supporters de l'équipe de football d'Algérie ont explosé de joie dimanche après la victoire de leur équipe en demi-finale de la CAN 2019 face au Nigeria (2-1). «Après 29 ans d'absence, les Fennecs vont jouer une nouvelle finale africaine. A Paris comme à Lyon et Marseille, la fête a battu son plein toute la nuit de dimanche à lundi, marquée par quelques incidents, principalement à Paris, Marseille et Lyon», rapportent des médias français. Ils ajoutent qu' «en quelques minutes, des centaines de voitures et de motos ont rejoint l'Arc de Triomphe après le but de Mahrez. La foule était nombreuse sur les trottoirs de l'avenue la plus connue de la capitale, où il est alors devenu impossible de se frayer un chemin. Pour faire la fête, les Algériens n'étaient pas seuls. Très vite, ils ont été rejoints par les autres supporters de cette Coupe d'Afrique des nations». A souligner que 282 interpellations ont eu lieu dans la journée de dimanche 14 juillet dans toute la France, en majorité à Paris, et 249 personnes ont été placées en garde à vue, selon le ministère de l'Intérieur. Ces interpellations ont eu lieu dans un contexte particulier : fête nationale, manifestations de «gilets jaunes» lors du défilé militaire du 14 Juillet à Paris et célébration de la qualification de l'équipe nationale en finale de la Coupe d'Afrique des nations.