Cristiano Ronaldo l'a rêvé, Arjen Robben et Wesley Snijders l'ont fait. Ironie du sort et du sport, la grande finale de la Champion's league sera animée, ce soir, par deux ex- Madrilènes. La nouvelle coqueluche du Bernabeu, lui, sera dans les gradins… C'est la triste réalité pour les socios du Real qui feront contre mauvaise fortune bon cœur. Ils devraient se dire que la victoire de l'Inter de Mourniho serait un peu la leur dès lors que le « Spécial One » a déjà déclaré sa flamme à la Maison- Blanche. Mais avant ce grand saut de Milan à Madrid qui a parasité quelque peu cette grande explication, les hommes de « Mou » devront terrasser les ogres de la Bavière. Et ce n'est pas gagné même si, sur papier, l'Inter affiche un potentiel un cran au-dessus sur son adversaire du jour. En l'absence du virevoltant Franck Ribéry, le Bayern sera en effet atrophié de sa jambe droite qui donne admirablement la réplique au terrible gaucher Robben. Mais le technicien néerlandais, Louis Van Gaal, a sans doute plusieurs cordes à son arc pour chasser du gibier interiste. Et les 80 000 chanceux qui vont remplir les travées du Bernabéu assisteront à un autre match entre deux techniciens à la réputation bien établie. José Mourinho et Louis Van Gaal, quel match ! Les puristes en rêvaient tant, le premier se trouvant être l'élève du second. Ce soir, on saura donc si l'élève va dépasser son maître. Bayern, atrophié mais décidé Ces deux grands entraîneurs préfèrent se la jouer fair-play, histoire de faire baisser un peu la pression. Le patron du Bayern évoque « mon ami José », et Mourniho salue « un extraordinaire tacticien ». Il y a un parfum de respect qui chatouille les narines entre ces deux techniciens auxquels Arjen Robben trouve de grandes similitudes. « Tous les deux sont également stricts et tous les deux sont des fortes personnalités… Quand ils parlent, vous écoutez… » Nous sommes donc avertis, ce soir ce sera une finale très « sérieuse » managée par deux metteurs en scène dont le talent va au-delà de l'orchestration technique du jeu. Mais la comparaison s'arrête là. Si Louis Van Gaal est connu pour être un adepte du beau jeu et du football total conformément à l'école néerlandaise, Mourinho, lui, pense que la manière importe peu dès lors qu'il touche le Graal. Son match à Camp Nou a été célébré comme une prime au « non-football ». Mais Mou s'en tape. Inter, ça passe ou ça casse L'enjeu dépasse le jeu à ses yeux. Va-t-il répéter le même scénario contre le Bayern ce soir, c'est-à-dire attendre avant d'attaquer ? Possible, surtout que son Inter dispose d'une grande capacité de nuisance avec le duo Milito-Eto'o. Le Camerounais est connu pour être le buteur des finales. Il a été le bourreau des Anglais d'Arsenal en 2006 et ceux de Manchester en 2009. Il se fera un malin plaisir de réussir un feu d'artifice à Bernabéu qu'il ne connaît que trop bien. C'est dire que Mourniho pourrait être tenté de jouer l'embuscade pour prendre au dépourvu cette équipe du Bayern connue pour son engagement physique et son souffle long. Sur ce plan, force est de noter que cette finale propose un vrai choc de titans : Lucio, Maicon, Chivu d'un côté, et Van Buyten, Demichelis et Altintop de l'autre. Dans l'entrejeu, Mourinho pourra compter sur son maître à jouer Sneijder qui voudrait marquer son « retour » à Madrid. En face, c'est son compatriote, l'inusable Marc Van Bommel qui prendra les clés du jeu de son équipe. En attaque, le duo de feu Eto'o -Milito se mesurera au tandem Ivica Olic Robben. Tout compte fait, l'explication paraît équilibrée à tout point de vue. Moins Ribéry… C'est donc un super match entre la terrible envie des Interistes et le légendaire réalisme allemand. Louis va –t-il lever le Graal ou alors, afficherait –il une « Moue » à la fin du match ? Réponse ce soir.