Le Pakistan compte porter la question du Cachemire devant les instances internationales. C'est ce qu'a déclaré, hier, son Premier ministre Imran Khan, cité par des médias, au lendemain de la révocation par l'Inde de l'autonomie constitutionnelle de la partie du Cachemire. Un territoire que New Delhi contrôle et revendiqué par Islamabad. «Nous nous battrons contre cette mesure devant toutes les instances, y compris au Conseil de sécurité» de l'Organisation des Nations unies (ONU), a affirmé Imran Khan devant les parlementaires pakistanais, ajoutant que son gouvernement compte aussi saisir la Cour pénale internationale. La communauté internationale doit se saisir de la question, sous peine de «sérieuses conséquences», a-t-il prévenu. «Si le monde n'agit pas aujourd'hui (…) alors la situation atteindra un stade dont nous ne serons pas responsables», a ajouté le Premier ministre du Pakistan, qui comme l'Inde possède l'arme nucléaire. Un peu plus tôt dans la journée, l'armée pakistanaise, par la voix de son chef d'état-major, a exprimé sa solidarité avec les populations du Cachemire. «L'armée pakistanaise soutient fermement les Cachemiris dans leur juste lutte et jusqu'au bout. Nous sommes prêts et nous ferons tout pour remplir nos obligations», a déclaré le général Qamar Javed Bajwa, d'après un tweet du porte-parole militaire, Asif Ghafoor, publié à l'issue d'une réunion des principaux chefs militaires du pays à Rawalpindi, ville garnison contiguë à Islamabad, où l'armée a son quartier général. Ses participants ont «totalement soutenu» la position du gouvernement pakistanais, qui s'oppose à la mesure indienne, a indiqué le général Ghafoor. Et de rappeler : «Le Pakistan n'a jamais reconnu les prétendus efforts de l'Inde pour légaliser son occupation.» De leur côté, les parlementaires pakistanais ont tenu une session pour discuter d'une réponse possible à la décision de New Delhi. Le gouvernement indien a annoncé lundi la révocation de l'autonomie constitutionnelle du Cachemire. Une décision qui vise à placer sous une tutelle plus directe de New Delhi cette région rebelle revendiquée par le Pakistan. Le sempiternel litige L'Etat du Jammu-et-Cachemire (nord) bénéficie jusque-là d'un statut spécial garanti par la Constitution indienne. Il permet à cette région de légiférer sur tous les sujets, à l'exception de la défense, des Affaires étrangères et des communications. Le Pakistan a qualifié cette décision d'«illégale». Une option qui pourrait exacerber la tension entre les deux voisins. Le Pakistan revendique le Jammu-et-Cachemire depuis la partition avec l'Inde en 1947, au terme de la colonisation britannique. Le Cachemire opte alors pour l'indépendance. Les deux pays, depuis, se sont livré deux guerres pour le contrôle de cette région himalayenne. A cette même période, des tribus pathanes venues du Pakistan pénètrent dans l'Etat de Jammu-et-Cachemire. Suit, début 1948, l'intervention des troupes pakistanaises. D'où le déclenchement de la première guerre entre les deux pays. Islamabad contrôle plus d'un tiers de l'Etat et New Delhi le reste du territoire. Le 1er janvier 1949, sous l'égide de l'ONU, est signé un cessez-le-feu. En août-septembre 1965, les deux pays s'engagent dans leur deuxième guerre, perdue par le Pakistan. En juillet 1972, les deux belligérants s'accordent à trouver une solution pacifique au Cachemire. En 1989, le Front de libération du Jammu-et-Cachemire (UKLP), favorable à l'indépendance, et le Hezbul Mijahidin, revendiquant l'intégration au Pakistan, provoquent une insurrection réprimée par les forces indiennes. New Delhi accuse son voisin de soutenir les groupes armés en activité dans ce territoire. Ce que le Pakistan a toujours démenti.