Ce 25ème vendredi a été marqué par une très forte chaleur, qui n'a nullement dissuadé des manifestants de battre le pavé, afin de s'exprimer librement contre le système en place. Ils n'étaient pas nombreux certes, mais la mobilisation dans l'esprit des populations n'a pas faibli. « Ya lahassine errandjers, el hirak rahou labèss ( le Hirak se porte bien )», ont scandé à maintes reprises les manifestants. L'ambiance bon enfant a régné tout le long du parcours. Braham a accompagné dans cette révolte populaire pacifique son neveu venu de France pour passer quelques jours de vacances. Enveloppé de l'emblème national, l'émigré a suivi la procession, en guise de solidarité avec ses compatriotes, avec son sourire. Des retraités, des avocats, des enseignants universitaires, des professeurs et des enseignants de l'éducation nationale, aux côtés des étudiants, des jeunes sans emplois, autant de monde, en dépit de l'absence de certains, qui formaient la marée humaine en scandant à l'aide d'un mégaphone. Un manifestant fixait son regard sur son téléphone portable. Il criait haut et fort les slogans repris par les manifestants : « makach intikhabate mâa el issaba ( pas d'élection avec les gangs) » ; « ya Bedoui, ya Bensalah, barkaou ma talâabou mâa El-Gaid li machi salah » ; « dawla madaniya machi âaskariya (Etat civil, pas militaire)» ; « slimiya, silmiya » ; « tahya el Djazair hourra wa démocratiya ». Les manifestants, pour la première fois, crient haut et fort : « Rahou djay el îissyane el madani ( la désobeissance civile arrive)» des slogans pas du tout médiatisés par les représentants locaux de la presse nationale. « Nous sommes conscients et avons remarqué l'absence de la presse durant nos marches du vendredi depuis le 22 février, cela ne faiblira pas notre détermination », nous disent quelques manifestants. Les manifestants au Chef lieu de la wilaya de Tipasa s'en sont pris à certaines personnes qui utilisent leurs caméras pour les filmer, « zoumi, zoumi ya aoulid el harki ». Il ont aussi scandé « djibouna el kafa ate, machi el hafalate ( ramenez des compétences au lieu d'organiser des galas)», faisant allusion aux spectacles organisés par le ministère de la Culture. Les conférences animées par les docteurs Ahmed Benbitour, Smail Lalmas et Nordine Bekiss à Cherchell ont sensibilisé les citoyens durant la période du hirak. Les citoyens croient en la naissance de la 2ème République en Algérie, après le départ de ce qui reste des gangs et des symboles du système. Il n'en demeure pas moins que certains manifestants craignent l'arrivée massive mais discrète des opportunistes, envoyés du pouvoir, dont la mission consiste à casser cet élan pour le changement radical du système en Algérie. Dans la wilaya de Tipasa, nous avons remarqué la présence de nouveaux visages au sein de la marée humaine et l'absence des « fidèles » des rendez-vous du vendredi.