C'est incontestablement une petite révolution dans les relations internationales qui voit l'Etat hébreu céder un « droit » quasi officiel à l'impunité. Une fois n'est pas coutume, Israël se retrouve seul contre la communauté internationale. Il aura vainement tenté de braquer les projecteurs sur l'Iran en doutant de l'accord tripartite pour mieux cacher son propre programme nucléaire. Cette fois, le subterfuge de l'épouvantail iranien n'a pas trop convaincu ? Pour cause, l'accord sur le désarmement nucléaire conclu à New York à l'issue de la conférence de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ouvre grandes les portes des arsenaux nucléaires israéliens aux inspecteurs de l'AIEA. C'est une première dans un monde où le respect du droit international et des résolutions onusiennes ne s'appliquent pas – du moins jusque-là –, à Israël. Ses puissants lobbys et son noyautage de toutes les instances internationales ont toujours évité à l'Etat hébreu de subir la force de la loi au grand dam d'une légalité internationale décidément modulable en fonction du « client ». Mais les Etats-Unis, par le truchement d'Obama, ont, peut-être sans le vouloir, mis leur allié dans une position très inconfortable de devoir montrer toutes ses installations nucléaires sous contrôle international. C'est, incontestablement, une petite révolution dans les relations internationales qui voit l'Etat hébreu céder un « droit » quasi officiel à l'impunité. Il est en effet le seul pays dans cette poudrière du Proche- Orient à disposer de près de 300 ogives nucléaires, faisant de lui une puissance nucléaire non déclarée au nez et à la barbe du Conseil de sécurité. Or, le programme iranien, pourtant civil jusqu' à preuve du contraire, déclenche les passions et les haines et fait se réunir les Cinq depuis des années pour prononcer des sanctions. Il faut sauver le soldat… Le comble est que, assez souvent, les Etats-Unis, la France, la Royaume-Uni sont « allumés » par les dirigeants israéliens contre l'Iran. Le fait est que Washington et Paris, notamment, font de la sécurité d'Israël un enjeu de sécurité nationale ! Ce dont profite allégrement Tel Aviv qui se permet même de défier, voire parfois humilier, les responsables des deux pays dont ils refusent de suivre les consignes. L'exemple le plus frappant aura été l'annonce par Israël de la poursuite de la colonisation alors même que le vice- président américain, Joe Biden, était encore à Tel Aviv pour négocier la reprise des négociations de paix avec comme condition le gel de la colonisation ! C'est dire que cet accord sur la dénucléarisation s'apparente à une atomisation de la sainte alliance entre Israël et ses soutiens occidentaux. L'Iran n'a d'ailleurs pas raté l'occasion de saluer hier un « pas en avant vers la création d'un monde sans armes nucléaires ». Bien qu'ils aient introduits une réserve sur la « position des signataires sur Israël », les Etats-Unis se sont félicité de l'accord sur le désarmement (…) pour renforcer le régime de non-prolifération globale. Mais la réserve de Washington sur Israël parait déplacée, voire inacceptable pour la communauté internationale. Soustraire l'Etat hébreu à une épreuve -inspection- exigée par une institution onusienne au nom de laquelle on veut crédibiliser l'acharnement sur l'Iran, est une pilule difficile à faire passer. Cela donnerait à coup sûr du grain à moudre à Téhéran de réclamer des sanctions contre tous y compris Israël. Il serait alors pour le moins malaisé pour Washington, Paris, Londres et Berlin, de vouloir sauver le « soldat Israël » en lui assurant à lui seul, le droit à l'atome. Ironie du sort, le piège du programme nucléaire iranien risque de se refermer sur… Israël.