Ceux qui misaient sur la fin de la révolution pacifique (Hirak) ont été déçus. Des centaines de milliers de manifestants ont déferlé, aujourd'hui, 30e vendredi de mobilisation populaire pour le changement du système, sur le centre de la capitale Alger. Ils réclament le départ du pouvoir en place, la libération des détenus d'opinion et rejettent les élections annoncés par les autorités. 14h00 devant la mosquée Al-Rahma (l'ancienne église Saint Charles). Les derniers fidèles n'ont pas encore plié leurs tapis de prières lorsque les slogans « Etat civil, pas militaire » et « Allah akbar Karim Tabbou » fusèrent de partout. Quelques mètres plus hauts. Une véritable marée humaine descend la rue Didouche Mourad en direction de la Grande poste. « Makach elvote (pas d'élection)», « El Istiqlal (indépendance) !» clament la foule impressionnante qui a réservé, comme de coutume, des slogans très virulents au chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaidc Salah ainsi qu'au chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah. #Alger, 30e vendredi : » Mettez-nous tous en prison !! » #Algérie pic.twitter.com/LPeK33nojs — elwatan.com (@elwatancom) September 13, 2019 Les manifestants ont exprimé une solidarité sans faille avec le coordinateur de l'UDS, Karim Tabbou, placé hier en détention provisoire pour « atteinte au morale de l'armée ». Les portraits de Lakhdar Bouregâa et des autres détenus d'opinion ont été brandis par de nombreux marcheurs qui n'ont pas manqué de tirer à boulets rouges sur les mouches (trolls), les forces de l'ordre et les chaînes de télévision publiques et privées. Seule la chaîne El Magharibia a trouvé grâce aux yeux d'une partie des manifestants qui l'ont affublé du titre de « la chaîne du peuple ». Alger 30e vendredi. Photo Souhil B. Une heure plus tard, tout le centre de la capitale était occupé par les marcheurs qui ont eu des difficultés à circuler à cause des nombreux véhicules de la police stationnés le long des trottoirs. Toutefois, ce goulot d'étranglement n'a pas dissuadé les marcheurs qui ont continué à avancer lentement de crainte de bousculer les personnes âgées et les enfants. 15h30. Des milliers de manifestants, venus des quartiers ouest de la capitale arrive à la grande poste. « Le peuple n'est pas idiot, mettez-nous tous en prison », chataient-ils d'une seule voix. La grandiose marche de ce 30e vendredi a été agrémentée de banderoles géantes et de pancartes sur lesquelles étaient écrit : « Etat civil, pas militaire », « La souveraineté au peuple », « Je ne vote pas sous la houlette de la casquette (militaire)», « l'arrestation de Karim Tabbou nous rend plus déterminés » ou encore « NON à la répression, NON à la division, nous sommes tous pour le changement radical du système ». Il faut signaler, enfin, que plusieurs manifestants ont été interpellés ce matin à Alger par les éléments de la police, déployés en très grand nombre.