Les conflits qui couvent au sein de nombreuses assemblées communales et les retards mis dans la réalisation et la livraison d'infrastructures de base, pour lesquelles des centaines de milliards de dinars ont été engloutis, pénalisent les 1 400 000 habitants de la wilaya de Sétif. La réputation de région pilote ne sied plus aux Hauts-Plateaux qui plongent lentement dans l'ornière. Ainsi, beaucoup de structures aussi importantes les unes que les autres sont en souffrance ou réalisées à pas de tortue. Lancée depuis 1996, la maison des hôtes de la municipalité ayant fait l'objet de plusieurs délibérations n'est, neuf années après, toujours pas livrée. Les intentions opposées des élus ont non seulement mis à sec la trésorerie de la commune mais stoppé un projet réalisé à 90%. Cette maison ayant consommé plus de 8 milliards alimente encore et toujours les palabres au sein d'une assemblée tiraillée par les conflits. L'importante structure, dénommée El Ali, située au cœur de la ville, porte un sacré coup au look de l'antique Sitifis qui étouffe. La bâtisse conçue initialement pour abriter 156 logements promotionnels est reconvertie en hôtel classé qui ne voit toujours pas le jour. L'épave érigée sur les vestiges romains et autres attend un repreneur. La wilaya de Sétif, capitale des Hauts-Plateaux, qui devait en septembre 2004 inaugurer une annexe des Beaux-Arts a pour des calculs d'épicier laissé filer un projet culturel d'importance. L'arrêté interministériel, signé le 22 septembre 2003 par la ministre de la Culture, tombe donc à l'eau. Tout comme les 50 bourses instituées à cet effet. La piscine olympique d'El Eulma en chantier depuis 10 ans n'a, malgré les récurrentes promesses, pas ouvert ses portes en septembre 2004. Au lieu d'une profondeur d'un mètre, l'éminence grise chargée de la conception et du suivi du bassin ajoute 80 autres centimètres, d'où la non-homologation qui engendre des travaux supplémentaires et la réactualisation des coûts d'une infrastructure qui a bouffé plus de 70 millions de dinars. Les travaux de dédoublement de la voie Sétif-Aïn Oulmène pour lesquels une enveloppe de 250 millions de dinars a été débloquée font du sur-place. Le projet inscrit le 26 août 2002 et dont le coup de starter a été donné le 10 mars 2004 par le président de la République ne dérogera pas, en matière de respect de délai de réalisation, à la règle. Le blocage d'un tel projet qui revêt une grande importance en raison de la densité du trafic sur la RN 28, la pénétrante sud de la wilaya, assurant la liaison avec Biskra, Batna et M'sila, pénalise ces agglomérations et de nombreuses localités de la wilaya qui souffrent, à l'instar de la partie nord, de l'isolement et de l'enclavement. Dans cette morosité qu'on ne peut cacher par le biais du 2e pôle universitaire, cité en exemple à tout bout de champ par le chef de l'Etat, la palme revient au secteur du bâtiment qui a été relégué durant les cinq dernières années au dernier plan. « De 2000 à 2005, aucun logement social n'a été distribué dans le chef-lieu », tels sont les propos tenus par le P/APC au cours de la dernière séance de travail avec l'exécutif de la wilaya. Les 59 autres communes ne sont pas mieux loties. Des milliers de logements édifiés à coup de milliards, achevés depuis belle lurette, attendent une utopique distribution. Les conditions climatiques et le mauvais entretien engendrent des dégradations et des trous au Trésor public. L'histoire des 50 logements de Guellal construits à la fin des années 1980 restés à nos jours inoccupés est l'exemple édifiant du gâchis. Par ailleurs, la décharge publique de Sidi Haïder, qui reçoit quotidiennement 200 t de déchets solides urbains et industriels de Aïn Arnat, Mezloug, Ouricia et Sétif, n'est toujours pas érigée en centre d'enfouissement technique (CET) comme il nous a été communiqué en novembre 2002 (voir El Watan du jeudi 28 novembre 2002). La transformation du CET en EPIC devant engranger des substantiels dividendes provenant des taxes ménagères est renvoyée aux calendes grecques. Les études d'aménagement des décharges de Aïn Oulmène, Aïn El Kebira, Aïn Azel et El Eulma sont, nous dit-on, au stade des intentions. Les lenteurs bureaucratiques mettent leur grain de sel dans des projets aussi importants que le nouveau pavillon des urgences médicales du CHU, l'aéroport le futur centre anticancéreux. La deuxième wilaya du pays en nombre d'habitants ne manquant pourtant ni de moyens ni de compétences a besoin d'un grand coup de fouet ...